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Le carnet rose : invitation à l'écriture

Par [Mal-Jabar] - MAÎTRE DU JEU - 04 Mai 2016 - 10:35:49
 


Vous sentez une atmosphère étrange depuis que vous êtes rentré dans Lhambadda. Un sentiment curieux vous a envahi, mais vous n'arrivez pas à clairement le définir.

Comme d’habitude, vous observez sans tout comprendre. Ce n’est pas la première fois que vous venez ici. Cette figure étrange affichée partout comme s'il s’agissait de l’emblème du Roi lui-même. Ces rires parfois joyeux, parfois inquiétants, que vous entendez alors que vous ne croisez personne. Cet entrepôt au sous-sol rempli de fruits que vous n’aviez jamais vu au marché de la ville.
Vous avez commencé à comprendre certaines de ces choses au fur et à mesure de vos visites. Vous avez appris que cette figure au sourire étrange était l’insigne du Tumulte. Cette bière de Bwork, vous avez découvert qu’elle avait un goût dégueulasse. Les favoris ne sont pas de simples aventuriers. Cependant, d’autres éléments continuent de vous échapper : vous savez que cette maison renferme de nombreux secrets.

Il est facile d’imaginer à quel point cette maison peut-être vivante. Même s'il n’y a personne aujourd’hui, vous avez pour inspiration le poêle toujours allumé accompagné d’un petit stock de bois rempli-, cette bière à moitié consommée laissée sur le bord de l'armoire, ces parchemins dépliés sur la table de la pièce principale. Oui, les traces de vie sont nombreuses ici.
Vous continuez d’avancer pour vous rendre dans une de vos pièces préférées : la bibliothèque. Là-bas vous attend tout votre soûl de livre, et il y a ce petit coin généralement inoccupé que le soleil illumine à cette heure-ci. Le chachat qui est en vous adore cet endroit : se prélasser au soleil, tout en lisant un bon livre. Si les favoris daignaient y mettre un véritable fauteuil plutôt qu’un simple tabouret, la vie serait probablement parfaite.

Il est facile d’imaginer ici les histoires que vos lectures vous racontent : ces récits de batailles, de rencontres, de dragons, de terres inconnues. Tout se transforme en images, en sensations dans votre esprit : vous pouvez voir les dragons virevolter dans le ciel, entendre le fracas de deux armées se chargeant l’une l’autre et sentir l’odeur de fer qui emplit l’air quand le sang commence à couler.
Vous prenez votre place habituelle et remarquez un livre que vous n’aviez jamais vu auparavant. Vous vous en souviendriez si c'était le cas, tant il déteint par rapport aux autres livres : sa couverture, elle, est rose. Un livre rose. Vous haussez un sourcil et vous en emparez, curieux.


« Je suis Le Rose. Adepte de Shariva, pour mon plus grand plaisir. J’aimerais vous transmettre une invitation. Une invitation à découvrir, à échafauder, à écrire. Vous êtes ici – si mon livre n’a pas changé d’endroit - à Lhambadda, un des lieux de ce Monde où l’imagination, la spontanéité et dans notre cas, l’écriture, a toute sa place.Voyez-vous, j’ai souvent des bribes d’idées sans pouvoir les mener à leur terme, parfois faute de temps, faute d’inspiration, ou que sais-je encore. Et parfois au contraire, il m’arrive d’écrire de courtes ou longues histoires lorsque la plume m’entraine.

J’aimerais partager avec vous, lecteur et futur écrivain, ces bribes d’idées, ces amorces scénaristiques, et que vous, sans pression quelconque, sans contrainte, vous appropriez ces bribes d’idées pour en faire des histoires. J’aimerais vous voir imaginer, tout simplement.Tournez donc la page. »


Vous tournez la page et continuez votre lecture.
 
 « Laissez-moi donc partager avec vous ces amorces d’histoire. Si l’une de ces idées vient vous inspirer à écrire, à imaginer, soyez LIBRES de développer ces scénarios comme il vous plaira.

Transformez les en histoires, courtes ou longues, tragiques ou joyeuses : laissez-vous porter par la spontanéité qui habite cet endroit, et écrivez simplement ce qui vous vient à l’esprit.

Faite : Défi ou boutade ? Alors que vous souhaitez rejoindre le club fermé des joyeux bûcherons, on vous met à l'épreuve : il vous faudra découper un bel orme à la seule aide d'un couteau de chasse et d'un trombone.
Faite : Vous êtes un garde au château du Roi. Votre dévotion envers le Roi n’a d’égale que l’amour que vous avez pour votre femme. Vous découvrez que le Roi aimerait bien développer une relation plus poussée avec vous.
Faite : Vous rencontrez un favori de Shariva, Malvadar-Jandric. Il s’apprête à enlever sa toge devant vous.
Faite deux fois : Apprenti chez un tailleur d’Astrub, on vous a volé les précieuses fourrures de givrefoux dont la garde vous imputait. Votre maitre revient très bientôt.
Faite deux fois : Alors que vous priez Shariva pour une demande que seul vous connaissez, un favori apparaît et vous apprend que Shariva ne restera pas forcément insensible à vos prières
Faite : Vous êtes perdu dans la forêt des Abraknydes. Pour passer inaperçu au milieu des terrifiantes créatures, vous avez revêtu un casque fait à partir de bois d’abraknydes. Votre stratégie semble être un échec : les abraknydes se regroupent autour de vous et se mettent à vous suivre.
Faite : Suite à un concours de circonstances, vous êtes devenu la personne en charge d’un homme retrouvé dans une rue hier, nu, blessé et amnésique. C’est une personne extrêmement naïve et maladroite, mais certains signes vous laissent à penser qu’il s’agit d’un protecteur de mois.

D'autres amorces sont disponibles quelques pages plus loin. N’hésitez pas à laisser libre court à votre imagination dans les nombreuses pages blanches qui suivent. L’imagination a toujours été une alliée de Shariva. Peut-être que celle-ci ne restera pas insensible à vos efforts.Je suis sûr que vous trouverez bien une plume et un peu d'encre pas loin.
— Le rose »
 
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Défi ou boutade ? Alors que vous souhaitez rejoindre le club fermé des joyeux bûcherons, on vous met à l'épreuve : il vous faudra découper un bel orme à la seule aide d'un couteau de chasse et d'un trombone.


On m'a prêté milles légendes, érigé en héraut, porté aux nues devant la foule ébahie. J'ai gagné d'épiques batailles à la force de ma lame, vaincu d'immenses bêtes et sauvé de nombreuses vies. Les scribes n'eurent de cesse d'écrire mon histoire et des parchemins se remplirent de mon nom et de mes hauts-fait par-delà tout le monde des douze. J'espère que le père de Goultard est fier de moi et que, lorsqu'il se penche pour nous regarder, il voit en moi son deuxième fils. Finalement, à travers tous ces combats, je n'aurais cherché que la reconnaissance d'un pair... ou d'un père. J'ai aimé les regards admirateurs se posant sur moi lorsque je pénétrais chaque village. J'ai aimé la confiance que les gens m'accordaient, le temps qu'ils dépensaient à me complimenter et à demander mes conseils. Oui, j'ai aimé cette vie, j'étais puissant, influant et bien entouré. Trop entouré peut-être. Avec le temps sont venues les trahisons, les épées que l'on a tenté de me planter dans le dos et les amours d'hommes et de femmes hypocrites. J'ai repoussé toutes les avances de la mort à en émousser ma lame. J'ai vieilli. J'ai commencé à rêver d'une vie tranquille, calme, sans heurts et sans cris. Amusant non ? Moi qui rêvait de tout, de célébrité et de reconnaissance, vouloir redevenir un inconnu, un anonyme, et pourtant...

Je me suis donc installé dans une petite bicoque d'Astrub, changé de nom, d'allure, et rangé une bonne fois pour toute ma lame tant souillée par le sang. Une nouvelle vie paisible s'offrait alors à moi. Je flânais dans les ruelles, vivant sur ma fortune accumulée au fil des batailles. Une fois fourbu par toutes ces balades, la taverne m'accueillait en son sein, rassurante et maternelle. Après quelques verres de son doux breuvage, la nostalgie revenait toujours, et le regard triste, je regardais la nuit chuter sur la ville par une des fenêtres crasseuses de l'endroit. Les lames aiguisées me manquaient terriblement. La ferveur du combat, l'éphémère des vies me manquaient. Il me fallait trouver quelque chose, une activité, pour me sortir de la futilité du quotidien. Un soir, une des voix dissonantes des soûlards accoudés sur le comptoir me sortit de mes tristes rêveries :

- Moi c'que j'aime, déclara un des hommes, c'est quand il s'écroule à mes pieds, quand je vois la vie s'échap.. hips... chapper de son... de lui quoi.
- Ah ouais ! répondit un autre, quand ta hache le tranche en deux !

Ce court dialogue eut vite fait de susciter mon intérêt au plus haut point : de quelle bataille parlaient ces hommes ? Une guerre faisait-elle rage aux alentours d'Astrub ? Je m'avançais vers eux en prenant la parole :

- Ohla, mes braves ! Qui avez vous donc occis dans ces tranquilles contrées ?
Les deux hommes se retournèrent hilare, me dévisageant de la tête au pied :
- Ah, v'là qu'il est drôle lui ! s'exclama le premier
- Un sacré plaisantin ! renchérit le deuxième. Je fronçais les sourcils, touché dans mon orgueil :
- Enfin, expliquez-vous ! Qu'ai-je dont dit de si amusant ?
- Nous sommes bûcherons ! Nous parlions d'arbres !

Je me tus subitement, plongé dans mes pensées. L'art de couper du bois était-il si analogue à celui de la guerre ? Trouvait-on autant de plaisir à défaire un ennemi qu'à trancher un arbre d'un coup de hache fort et puissant ? Voulant à tout prix en avoir le cœur net, je continuais la conversation, nonobstant ma honte :
- Pourrais-je me joindre à vous lors de vos pérégrinations messieurs ?
Un silence se fit dans toute la pièce. Les deux hommes ne semblant plus sous l'emprise liquide de la taverne me dévisageaient de la tête au pied. Leur regard me transperçais de part en part, sondant mon âme. Bien sur, je n'avais pas vraiment l'allure d'un bûcheron : je n'avais pas pour habitude de porter des habits à carreaux, même mes vieilles défroques n'étaient pas de ce genre. Cela étant, j'étais bien bâti, droit et fier, pas le genre d'homme à se laisser dominer par un morceau de bois. Après quelques minutes d'observation, le premier homme repris la parole :

- Sache que nous ne sommes pas n'importe quel club de bûcheronnage. Nous sommes le Club des Joyeux Bûcherons. Nous accompagner sur cette route périlleuse qu'est couper du bois dans la joie tout en pratiquant l'humour n'est pas chose aisée. Nombreux sont ceux qui n'ont pas su nous suivre et ont dépéris au bord de la route, fourbus de courbatures dans les bras. Nous ne sommes pas de ceux qui craignent la pluie, le vent ou le froid des plus glaçants. Quoi qu'il arrive, chaque matin nous nous rejoignons dans la forêt, faire face à la nature. Regarde mes mains... Regarde mes mains ! Elles sont rudes comme celle d'un vieux pêcheur, mais c'est pas une raison pour avoir l'air d'une larve ! Je continuerais, quoi qu'il advienne, la fin du monde, ou je n'sais quel cataclysme à prendre ma bonne vieille hache pour vaincre en duel les chênes, les ormes et les hêtres. Es-tu vraiment prêt à nous rejoindre ? Abandonner ta tranquillité au profit d'une cause plus grande, plus noble, millénaire ?
- Oui ! répondis-je, galvanisé par ce discours
- Et bien, tu y es presque. Il ne te reste que l'Épreuve.
- L'épreuve ?
- Suis-nous.

Nous sortîmes tous les trois de la taverne pour nous enfoncer au plus profond de la forêt. J'avais l'impression de faire à nouveau parti du monde, d'une cause : d'exister. Cependant, la crainte de retomber dans les travers de ma vie d'avant me titillait. Et si je devenais le plus fort de tout ces bûcherons ? Les hommes à coup sur me jalouseraient, et les femmes se jetteraient sur moi, m'arracheraient ma vertu...
Nous nous arrêtâmes devant un immense orme, peut-être l'un des plus imposant que je n'eu jamais vu. J'étais loin de me douter que la forêt d'Astrub dissimulait de telles merveilles en son sein.
- Voila ton objectif, me lança le premier homme.
- Couper cet arbre ?
- Exactement.
- Rien de plus simple. Où puis-je me procurer une hache ?
Les deux hommes sourirent et sortirent chacun un objet de sous leur guenilles. Le premier sortit un couteau de chasse de la taille de son avant bras et le second... un simple trombone pour accrocher les feuilles. Ils me les tendirent et je les saisi.Je fronçai les sourcils :
- Enfin messieurs, quelle est cette plaisanterie ?
- Voilà ton épreuve, tu devras couper cet orme avec l'aide seulement de ces deux objets. Bien entendu, tu devras rester sur place tant que tu n'auras pas terminé. Nous te surveillerons, cachés dans les fourrés.

Ils disparurent, me laissant seul avec le couteau et le trombone. Je levai les yeux. L'arbre me toisait de toute sa hauteur et du haut de l'enchevêtrement de ses branches semblait me défiait. La sève semblait palpiter le long de son tronc, et cramponné sur ses racines noueuses, il attendait l'impact. Je ne me fis pas prier. La lame déchira l'air et se planta dans l'écorce. Une égratignure. Et puis, une égratignure de plus, et encore, et encore jusqu'à tomber d'épuisement devant l'orme. La première nuit fut sans rêve, un sommeil lourd m'avait happé et lorsque je me réveilla, fourbu, les bras plein de courbatures, je me sentais prêt à continuer l'interminable duel. L'orme n'avait pas bougé, serein. La rosée s'était déposée sur ses feuilles et les gouttes, chassées par le vent, flottaient quelques secondes avant de retomber lourdement s'éclater sur le sol. Je repris mon combat.
Le quarantième jour, je sentis l'orme trembler : il prenait conscience que je n'abandonnerais pas à ma tâche avant que l'un de nous deux tombe. Une question de vie et de mort, l'un laisse échapper son dernier souffle pour que l'autre vive.
Le cent soixante troisième jour, je pris conscience de l'utilité du trombone. Je n'avais pu me raser ni me couper les cheveux ces derniers temps et ma vision était brouillé par mon trop plein capillaire. J'accrochai mes cheveux avec le trombone.
Le six cent quatre-vingt quatrième jour, l'arbre s'ébranla, j'avais atteint plus des trois quarts de mon objectif. Les forces m'ayant quittées depuis quelques dizaines de jours, je repris espoir. J'étais à bout physiquement, prêt à rompre. Lui aussi.
Le millième jour l'orme tomba. Mon visage se leva vers le ciel, des larmes coulèrent sur mes joues. J'avais compris le message des anciens : ôter une vie, qu'elle soit végétale ou animale ne devait pas paraître aisé, la tâche est ardue car c'est son semblable que l'on a en face de soi, son reflet. L'ennemi n'est qu'une construction, un mirage, un barrage mental. Il fallait connaitre l'ennemi, l'apprivoiser, devenir lui afin de comprendre sa psyché.J'avais dépasse le niveau physique : ma compétence avait rejoins ma spiritualité.
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Vous êtes un garde au château du Roi. Votre dévotion envers le Roi n’a d’égale que l’amour que vous avez pour votre femme. Vous découvrez que le Roi aimerait bien développer une relation plus poussée avec vous.
Désolé pour la longueur mais j'étais inspiré, j'espère que vous apprécierez tout de même ! Bonne Lecture !!


Un beau matin, je me promenais au alentour du château d'Amakna. Le soleil brillait, les pious chantaient, les bouftous s'accouplaient joyeusement dans la prairie et la rivière scintillait. Plus loin, assis sur un rocher au bord de l'eau, un homme assez âgé traçait des traits dans le sable. A mon approche, il leva la tête et sembla regarder dans le vide.

- Eh gamin !

Je le regardais étonné et lui demandais si c'était à moi qu'il parlait.

- Oui toi… Tu veux que ça soit qui d'autre? Y'a personne… Vient plus près, j'ai quelque chose à te dire.

Je m'approchais donc de lui et vis qu'il portait des vêtements affreux. Ces vêtements n'étaient pas la seule chose d'affreuse, j'étais presque sûr que son odeur pouvait réussir à tuer quelqu'un… Je m'assis sur un rocher à côté de lui en essayant de faire abstraction de son odeur. Il attendit un petit moment avant de soupirer.

- Jeune homme, avez-vous une femme?

Sa question me laissa au dépourvu. Avait-il eu des problèmes avec sa famille ? Notamment sa femme? Cela ne m'étonnerait même pas.

- Oui… J'en ai une. Elle reste dans la maison à faire sa couture et à préparer la popote.

- L'aimes-tu ? me demanda-t-il en me regardant dans les yeux.

Je n'avais pas fait attention, mais il avait les deux yeux voilés. Comment était-il aveugle ? Comment avait-il fait pour me voir arriver ? Comment savait-il que j'étais un homme ? Plein de questions se bousculèrent dans ma tête. Je l'a pris entre mes deux mains et essaya de me calmer.

- Alors ? L'aimez-vous ?

- C'est ma femme, répondis-je sans réfléchir.

- Je vois… Il déposa son regard sur une fleur qui se balançait au gré du vent. Savez-vous vous battre ?

- Un peu… Je me débrouille assez pour me défendre ainsi que mon foyer.

- Bien… Très bien…

Il se leva, fit craquer son dos et me tendit la main. Je me levais à mon tour et lui tendit ma main également. Il l'attrapa de ses deux mains et me la serra si fort que j'avais l'impression que milles aiguilles me la transperça de part et d'autre. Retenant des hurlements, j'essaya de retirer ma main mais il avait une forte poigne et impossible de m'en défaire. Des étoiles dansèrent sous mes yeux… J'entendis des paroles résonner à l'intérieur de ma tête, puis la tempête m'emporta.

Je me réveillais en sursaut dans l'herbe sous un chêne. Mon premier réflexe fut de lever ma main pour vérifier qu'elle était entière. Ce que je vis me troubla. Un étrange dessin y était dessiné. Un sur le dessus et un dans la paume. Le même de chaque côté, au même endroit. Je plissais les yeux pour essayer de chercher l'homme qui m'avait fait ça, mais personne… La nuit était tombée et je devais rentrer chez moi.

- C'est à cette heure si que tu rentres, héla ma femme à mon arrivée. Le repas est sur la table, sûrement froid.

Elle partit se coucher et me laissa, seul, dans le salon. Je m'assis et mangea en silence. Des images se formaient devant moi. Un enfant qui courrait après des Kitsous, un jeune homme quittant son foyer, ce même jeune homme devant le Roi… Le Roi ! Les paroles de l'étrange homme me revenait en tête !

« A partir de maintenant, tu prendras ma place en tant que Garde Royal. Ton destin sera de protéger le Roi au péril de ta vie et ce jusqu'au moment où tu laisseras ta place à ton successeur. Ces marques montrent que tu es mon successeur. Chaque Garde a sa propre marque. En les caressant, mes souvenirs ainsi que mon savoir se présenteront à toi pour te guider. Bonne chance et au revoir mon ami. »

Devenir… garde ? Moi ? L'idée de quitter mon foyer, mon quotidien, ma femme… m'excitait de plus en plus. Partir loin de tout ce que je connaissais, laisser derrière moi mon passé et aller vers mon futur. Ma décision était prise. J'allais partir le lendemain après avoir préparé mes affaires.

Ma nouvelle vie avait débuté depuis plus d'un an maintenant. Au début, c'était assez compliqué, je devais m'entraîner de longues heures par jour pour acquérir la force d'un Ouginak et la vitesse de Kanigroula. Le quotidien au château était assez plaisant, les repas étaient plutôt bons, je m'entendais bien avec les autres camarades, et le Roi n'était pas si attaqué que ça. Sauf une fois, où une femme du peuple lui avait jeté des tomates pourris car il avait fait fermer la ferme de sa sœur. Je m'étais interposé entre elle et le Roi et j'avais reçu la dite tomate. Les autres gardes l'ont arrêtés et elle a dû s'excuser auprès de notre Altesse.

Les jours défilèrent, une autre année s'était écoulée, puis une deuxième. Voilà déjà trois ans que je vivais en tant que Garde Royal. J'étais très vite devenu le numéro un des dames de la cour. Dès que le Roi avait besoin d'un conseil, il venait me voir. Je ne peux pas dire qu'on était complice, mais tous les soirs, j'étais invité au banquet royal et on buvait jusqu'à pas d'heures certain soir. Je l'aidais à se déguiser incognito pour sortir faire la tournée des bars ou encore pour aller à la maison rose. J'étais son garde du corps, son allié et son conseillé.

Un soir, il me parla de son ancienne épouse qui avait été assassiné quatre ans avant ma venue. Il m'apprit qu'il ne l'aimait pas, qu'il l'avait juste épousé pour faire plaisir à ses parents. Cela me rappela mon mariage ainsi que ma femme. Qu'était-elle devenu ? Lui manquais-je ? Me manquait-elle ? Non… Pour rien au monde, je retournerais dans ma vieille maison. Ma vie ici me plaisait énormément : boire, manger, et dormir.

Comme tous les soirs, je me rendis dans la salle à manger rejoindre le roi. Des bougies ont été installé sur la grande table drapée d'une jolie nappe blanche, pourpre et dorée. De l'encens et des baguettes d'aromates avaient été brûlé sûrement pour purifier l'air ambiant. Il était toujours bon de manger avec une bonne odeur. Le repas avait été servi, le Roi me regarda et m'invita à m'assoir à côté de lui. Une bouteille de vin avait été ouverte pour le repas. Il était rare que ce soit du Vin Rouge, d'habitude c'était du Rosé.

- Tu sais quel jour on est aujourd'hui? me demanda le Roi.

- Non pas vraiment. Est-ce un jour spécial ?

- Bien sûr que c'est un jour spécial ! Aujourd'hui c'est le jour où tu es venu me voir pour m'annoncer que tu étais le successeur de Kharl Teign. Cela fait maintenant trois ans que tu es dans ma garde, et deux ans que tu es le meilleur et mon… ami.

Moi ? Son ami ? Je n'eu pas le temps de réfléchir plus sur le sujet qu'il reprit la parole.

- J'aimerais pour fêter ça aller quelque part, rien que tous les deux… Tu pourras ainsi me protéger, si jamais ça dégénère.

- Où voulez-vous aller votre Altesse ?

J'avais bien envi d'aller dans un bon bar, car la bouteille de rouge ne m'aidera pas à oublier cette soirée…

- Eh bien… Peut-être à la maison rose. Tu n'entres jamais dans une chambre, cette fois-ci tu iras ! Et j'insiste ! C'est moi qui régale !

Je voyais que je ne pouvais dire non au Roi, après tout, il avait toujours raison et cela m'exaspérais. Au pire, je pourrais rentrer dans une chambre et ne rien faire. Juste discuter avec la dame. Cela n'était pas mon passe-temps préféré. Le Roi me regarda droit dans les yeux, et je vis qu'il attendait une réponse de ma part.

- Euh… Bah oui, ça me fera très plaisir votre Altesse.

- Oh ! Mais plus de "votre Altesse" entre nous, appelle-moi plutôt Thelett.

Le Roi… Thelett s'empiffra de petits gâteaux et demanda à ses serviteurs de nettoyer la table. Il avait décider d'y aller aussitôt tant que les "gens du peuple" mangeaient chez eux. Il prit son déguisement et fit atteler ses deux ânes pour passer inaperçu. Le chemin entre le château et la maison rose durait à peine une heure, nous attachâmes nos ânes à des piquets près d'un seau d'eau et un autre rempli de carottes.

- Bien, je vais réserver une chambre, reste ici pour voir si personne n'arrive.

Thelett partit donc faire ce qu'il a dit. Les étoiles s'étaient levées et la lune resplendissait dans le ciel noir, éclairant à peine les coins d'ombre. Thelett me fit signe de venir et j'entrais dans cette étrange habitat. Maison rose… En effet, les murs étaient peints en rose, les rideaux étaient roses, tout était rose, même les vêtements de la personne à la caisse.

- Notre chambre se trouve au fond, dans le carré VIP. Allons s'y.

Je le suivis donc, on entra dans une pièce fermée à clé à la base, et je vis une chambre normale, avec un lit baldaquin, une armoire encastrée dans le mur, des miroirs. La seule chose qui ne me paraissait pas normal c'était que TOUT était en rose. Les quatre murs, le sol et le plafond aussi ! Je m'assis sur le lit et le Roi alluma des bougies parfumées à la rose. D'un coup il fit noir.

- Qui a éteint la lumière ?

- Ne t'inquiète pas, c'est fait exprès, répondit une voix sifflante.

La lueur des bougies n'éclairaient pas assez l'autre côté du lit ainsi je ne voyais pas mon interlocuteur ou interlocutrice. Impossible de deviner si c'était un homme ou une femme. Le parfum envoutant des bougies me donna le tournis, je n'étais plus présent quand je sentis des mains m'agripper et retirer un à un mes vêtements.

Le lendemain, je me réveilla dans un lit inconnu. La faible lumière qui émanait de la fenêtre indiquait qu'il était l'aube. Les souvenirs de la veille revenaient peu à peu. Des mains. Des grognements. Les rideaux qui volaient. Mais qu'avais-je fait ? Je me sentais violé. Un ronflement m'indiqua qu'une personne dormait à côté de moi. En tournant la tête, le tournis menaça de revenir et j'ai du faire violence pour ne pas tomber du lit. Je détaillais la personne avec qui visiblement j'avais passé la nuit. Des cheveux noirs assez court, une courbe magnifique malgré les rondeurs en trop. Cela ne me dérangeait plus d'être ici. Je revêtis mes habits sans faire trop de bruit pour retrouver Thelett. Je fis d'abord un tour dans une salle de bain, puis dans ma chambre pour récupérer mon fourreau avant d'aller dans la salle principale. La fille était partie et Thelett m'attendait avec son air joyeux. Nous rentrâmes sans mot dire à dos d'âne. Je n'aimais gère cela, car il me donnait toujours un mal de fesses terrible et c'était le cas aujourd'hui. Arrivé au château le roi partit dans ses appartements pour se reposer, et je fis de même.

Vers midi, un autre garde me réveilla pour me dire que le Roi m'attendait dans la salle du trône. Une fois arrivée, je vis encore des bougies allumées et elles avaient la même senteur que dans la maison close. Thelett ne faisait jamais brûler des bougies à la rose délibérément. Je me demandais ce qu'il voulait.

- Entre. Alors cette nuit ?

- Merveilleuse.

Je n'avais pas envie de m'étendre sur le sujet, d'autant plus que je ne me souvenais presque de rien.

- Parfait. Car à partir de maintenant, tu vas pouvoir en avoir tous les soirs !

- Et comment ? On ne va pas s'échapper du château tous les soirs, pensez à ses pauvres bêtes qui vont être fatigué.

Je n'avais aucune envie de recommencer, et encore moins de faire le chemin avec le Roi jusque là-bas pour mes ébats amoureux.

- On n'ira plus là-bas. Désormais, ça se passera ici !

Ici ? Le roi allait faire venir des prostituées dans le château ? Ma parole ! Il est devenu fou ! Devinant que je réfléchissais, le roi se pencha vers moi et me dit :

- Voyons, n'as-tu pas apprécié quand je t'ai léché l'oreille ?

Mon cœur s'arrêta. Je repensais aux moments passés dans les bars où le Roi me lançait des œillades et s'amusait à me toucher les fesses. L'alcool avait fait effacer tout cela de ma mémoire, comme hier soir avec le Vin Rouge. Les bougies lors de notre dernier repas, l'encens, "notre" chambre. J'avais donc passé la nuit avec le Roi… J'hurlais de honte de ne pas avoir compris que depuis deux ans, le Roi me faisait des avances. Il était passé à l'acte, pensant que j'étais du même avis ! Mais je n'ai jamais aimé ce Roi qui n'est rien d'autre qu'un bon à rien tout comme l'était ma femme ! Je ne faisais que passer du bon temps à boire et à faire semblant de rire à ses blagues débiles… Et tous ça en me faisant payer en boisson et en Kamas ! J'étais à bout de souffle, mes oreilles sifflaient, mon ventre grognait, mes bras tremblaient, je n'allais pas tarder à fuir. Mais avant cela, je jetais un dernier regard à ce Roi qui avait sali mon honneur, qui avait empiéter mon corps sans mon avis. Ce dernier me regardait avec une incompréhension totale, il était blanc et les yeux écarquillés.

- Qu'as-tu donc ? Tu as mal quelque part ? Laisse-moi t'examiner.

- Non ! Ne me touchez plus.

Je partis en direction de ma chambre, je pris toutes mes affaires et m'enfuyais en direction de mon ancienne maison. Je ne voulais plus entendre parler de ce roi de pacotille, ni des gardes royaux qui devaient mettre leur vie en péril pour le sauver, ni même encore de vin. Je m'arrêta devant la porte de la bâtisse que j'avais quitté trois ans auparavant. Elle n'avait pas changé d'un poil. Je frappa à la porte et on vint m'ouvrir. Je m'attendais à voir ma femme mais une jeune fille qui devait avoir à peine deux ans me regardait de ses yeux bleus. Une femme demanda qui était à la porte et la petite secoua la tête.

- Chai pas qui chai.

Une dame arriva, un torchon à la main et essuyait une assiette en terre cuise. Elle la fit tomber et cette dernière éclata en mille morceaux sur le sol.

- Toi ! Comment oses-tu revenir après trois ans d'absence ! Trois ans ! Tu m'as laissé avec une vieille maison qui fuit ! Avec un enfant sur les bras ! Et tu oses revenir !

Je regardais la petite fille, c'est vrai qu'elle avait mes yeux, ainsi que mes cheveux épais mais ma fille ?

- Oui c'est ta fille ! Quand tu étais rentré tard le soir avant ta disparition, je voulais t'apprendre que j'étais enceinte. Tes "devoirs conjugales" comme tu aimais les appeler ont été accomplis. Félicitation, tu es Papa !

- Je…

- Pas besoin de t'excuser. Entre et va prendre une douche, tu as une salle tête.

- Je peux vraiment rentrer ? Après tout le mal que je t'ai fait ?

Elle me regarda de ses yeux verts profonds avant de soupirer.

- Je suis ta femme, même si toi tu ne m'aimais pas, moi si. Je n'ai fait que te chercher pendant tout ce temps avant d'avoir la petite. J'étais si inquiète pour toi…

Elle ne put finir sa phrase. Je l'a pris dans mes bras puis embrassa ma "fille" avant de fermer la porte et commencer une nouvelle vie.

Spoiler : (cliquez sur la zone pour l'afficher)

Spoiler (cliquez ici pour afficher le spoil)

La dévotion que porte notre protagoniste au roi est nul tout comme l'amour qu'il a pour sa femme.Quelle est la manière la plus drôle de découvrir qu'on veut une relation plus poussée avec vous quand niant tout simplement les indices en ce disant : "mais non c'est à cause de la chaleur, de l'alcool, etc."
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Alors ça fait un moment que ce texte sur le carnet rose est écrit mais j'ai bien aimé, le mal de fesses ne venait donc pas du parcours à dos d'âne !! ohmy XD
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Mal-Jabar|2016-05-04 10:35:49
Suite à un concours de circonstances, vous êtes devenu la personne en charge d’un homme retrouvé dans une rue hier, nu, blessé et amnésique. C’est une personne extrêmement naïve et maladroite, mais certains signes vous laissent à penser qu’il s’agit d’un protecteur de mois.

Aube astronomique - Sufokia - 30 Jouillet

Ce sont les chants mielleux et les coups de griffes de Lingqi qui mirent fin à mon sommeil paisible. Le lapino chanteur tentait de m’emmener dehors, bondissant pour ouvrir la porte d’un coup de patte, et me mordillait les chevilles pour que je sorte de chez moi, bien que j’étais encore en sous-vêtements et sacrément ensommeillée. Y avait-il une urgence ? Un incendie ? Un meurtre ? Pas un signe d’activité ne se faisait ressentir : il était bien trop tôt. Seul les clapotis des vagues inhibaient le silence nocturne; les pious étant encore trop somnolents pour entonner leurs chants du matin. Les lumières des navires et des maisons étaient éteintes, ce qui poussa mes yeux félins à se dilater pour y voir plus clair, afin d’éviter de tomber du quai et tremper mon pelage dans l’eau, que je n’avais d’ailleurs pas eu le temps de brosser convenablement. Lingqi me chantait qu’il avait entendu quelque chose tomber dans l’eau, et qu’il pressentait qu’il fallait que j’aille voir. Je pensais d’abord qu’il s’agissait d’un piou mort ou d’un requin marteau-faucille qui aurait sauté hors de l’eau. Lingqi aurait eu peur, comme à son habitude, et aurait accouru vers moi pour se réfugier sous mes draps. Mais à l’inverse de l’ordinaire, le lapino semblait vouloir découvrir de ses petits yeux ce phénomène encore inconnu.

Longeant le quai, je distinguai un corps adossé contre une bite d’amarrage. En m’approchant de celui-ci, je remarquai qu’il était nu et avait une longue chevelure blanche, qui paraissait grise de loin. Il était blessé, le sang s’écoulait de son pectoral plus abondamment que celui d’un disciple de Sacrieur au milieu d’une communion. L’odeur du sang perçue par mon odorat développé traçait un sillage vers la mer. Il devait sans doute s’agir d’un individu ayant causé des problèmes à des “hommes d’affaires” de Sufokia et dont on a tenté de se débarrasser en jetant son corps mourant à la mer. Il était mourant, et je n’avais de toute manière pas accès à mes potions, étant sortie légèrement vêtue. Il commençait d’ailleurs à faire froid, et risquant d’attraper un rube sufokien, j’appelais le lapino à ignorer le corps et à rentrer. Lingqi se dépêcha auprès du corps meutri et tenta de le remettre sur pied à l’aide de sa faible magie de soin, et était visiblement résolu à le sauver. Je me retournai alors en direction de ma demeure, et me retournai de nouveau après quelques pas, voyant que le lapino tentait tant bien que mal de tirer de ses petites dents le blessé, pour le ramener avec nous. Cédant à son caprice d’enfant, je portais avec précaution le corps nu de l’homme sur mon dos, dont le sang suintait sur mon pelage et dont l’organe génital s’écrasait sur mes lombaires, ce qui me répugnait sur le moment. De retour chez moi, je déposais alors le corps sur mon lit, laissant Lingqi tenter de faire ce qu’il pouvait pour le remettre sur pied. Pensant qu’il allait mourir de toute manière, j’essuyais mon pelage et commençais à préparer mon petit déjeuner. Je pensais alors me débarrasser du cadavre après avoir mangé, mais l’arrivée des premiers rayons de soleil libérèrent peu à peu une fragrance exquise du corps blessé. Ce phénomène attirait mon attention et l’instinct de Lingqi pour maintenir l’homme en vie était peut-être un signe du destin d’Ecaflip. Pariant sur cet instinct, je commençais la préparation d’une potion pour le remettre sur pied.

Zénith solaire - Sufokia - 30 Jouillet

Le bruit incessant des bouteilles de verre et de la vaisselle venant se briser sur le sol amplifiait la migraine causée par le rube que j’avais attrapé le matin même. L’homme aux cheveux blancs, qui était à l’article de la mort quelques heures plus tôt marchait en toute insouciance dans ma demeure, observant les bibelots, livres et décoctions disposées sur mes étagères. La potion que j’avais concocté toute la matinée ne devait prendre complètement effet qu’au bout d’une journée, et Ecaflip même n’aurait jamais parié sur un rétablissement de deux heures à peine. La potion était d’une qualité exemplaire, mais les lèvres de l’homme avaient provoqué une réaction inattendue lors de l’ingestion du liquide. Les extraits de Dzibi et de belladone décantées dans ma potion se sont reformées en fleurs, dont l’homme suça la tige de manière instinctive, comme si c’était une technique naturelle de régénération. Son rythme cardiaque était redevenu normal, et ses jours n’étaient plus en danger. Il était dorénavant capable de marcher, et le sang qui coulait de sa blessure au pectoral ne se propageait plus au travers des bandages de lin dont il était recouvert.

L’observer en journée m’aura fait réaliser qu’il était plutôt bel homme, et son charisme naturel était mis en valeur par la beauté de ses cheveux blancs et son parfum mystérieux de fleur de lotus. Odeur qui s’amplifiait lorsqu’il rougissait sans raison apparente. Son origine et son identité m’étaient inconnues. Tant mes questionnements que l’observation de ses manières ne me donnaient d’indices sur cet étrange personnage. Il jouait à présent avec Lingqi à peindre ensemble une sorte de fleur sur un rouleau de parchemin. Avec mes élixirs comme peinture, et mes brosses comme pinceaux. Un grondement énervé et l’obligation de faire le ménage leur fit office de punition. Tout d’abord pleurant en tandem, les deux canailles s’exécutèrent pour ranger la pièce tandis que je regardais d’un coup d’oeil leur dessin. C’était une reproduction fidèle d’une fleur de lotus, si l’on ignorait les taches et traces de doigts multiples qui recouvraient le parchemin. Tant les détails étaient précis, l’homme qui rangeait en silence semblait connaître la botanique, tout comme l’emplacement de mon placard à balai, des chiffons, chaises, bibelots et potions qu’il devait remettre en place. La pièce était finalement parfaitement rangée. Peut-être même trop parfaitement d’ailleurs : elle était exactement comme je souhaitais qu’elle soit, tant sur la position de ses objets que sur leur orientation. À moins que l’homme était capable de lire dans mes pensées, cela demeurait un mystère, tout comme le fait que Lingqi ne chantait pas pour communiquer avec lui. Seuls quelques gestes ponctuels révélaient que tous deux se partageaient secrètement leurs connaissances de la maison et leurs pensées respectives. Il y avait tant d’étranges phénomènes autour de l’individu aux cheveux blancs qu’il me fallait enquêter sur son identité. Je laissais alors Lingqi surveiller l’homme tandis que je sortais pour enquêter, malgré mon rube, sur les origines de ce dernier et sur la raison de sa présence ici, à Sufokia.

Crépuscule astronomique - Sufokia - 30 Jouillet

Ma recherche de la journée n’avait visiblement pas porté ses fruits. La mention d’un homme aux cheveux longs et blancs et qui sentait la fleur de lotus n’évoquait rien aux habitants de la cité, qui me croyaient folle ou pensaient à un Steamer parfumé. Personne n’avait entendu parler d’une quelconque escarmouche ayant pu provoquer sa blessure dans les environs. Le docteur Hou, bibliothécaire de Sufokia, avait quant à lui évoqué le nom de Rosal, protecteur de Maisial. D’après le livre “Les Protecteurs des mois”, le fait que le protecteur ait la faculté de manipuler le végétal et de lire dans les pensées pourrait expliquer beaucoup de choses s’il s’avérait être mon invité. Mais quelles seraient les chances qu’il soit bien Rosal, et quelle serait la probabilité qu’un protecteur soit si maladroit ? Nulle ou presque. Abandonnant mes recherches sur l’intriguant personnage pour l’instant, je rentrais chez moi fatiguée, avec cette fois un début de fièvre.

Une simple salade Sufokienne avait suffi pour le dîner : Lingqi ne savait pas encore cuisiner et avait peur du feu, je ne souhaitais pas que l’étranger cuisine de peur que la cuisine soit dans un état catastrophique, et j’étais trop fainéante et trop fatiguée pour attendre qu’un museau de mulou rôtisse. Ce fût donc un repas simple mais copieux qui fût servi ce soir là, après lequel je m’en allait réclamer mon repos bien mérité. Laissant l’homme dormir sur le canapé le temps de s’assurer qu’il récupère bien de sa blessure, je m’en allait dans ma chambre puis m’écroulais en sous-vêtements sur mon lit. L’étranger me regardait intensément durant le repas. Je m’interrogeais de plus en plus sur son identité. Son regard était perçant, et des phénomènes fleuris apparaissaient autour de lui. Il était trop simplet et maladroit pour distinguer les notions de bien et de mal, ce qui correspondait d’autant plus à la description du protecteur de Maisial. Peut-être était-ce juste une simple coïncidence ? Peut-être que son regard me semblait perçant car je ressentais le remord d’avoir voulu l’abandonner à son triste sort ? Peut-être que l’apparition de fleurs n’était qu’une réaction alchimique entre la potion, le sang et le sel marin resté dans sa gorge ? Je lui accordais encore le bénéfice du doute et je me plongeais dans mon sommeil, fiévreuse mais songeuse.


Zénith lunaire - Sufokia - 31 Jouillet


Blottie dans mes draps, je rêvais d’avoir eu une enfance joyeuse et épanouie. J’imaginais mon présent si j’avais grandi dans un monde de paix et d’harmonie. Peut-être aurais-je été une simple paysanne fiancée à un bourgeois Amaknéen ? Peut-être aurais-je été une courtisane, gagnant des jeux d’argent et éblouissant les badauds ? Ces heureuses rêveries étaient fort agréables, mais étaient subitement perturbées par un poids sur ma poitrine. Une texture douce heurta mes lèvres, et un liquide semblable à de la salive et ayant un goût de kalyptus, pénétra dans ma bouche et glissa le long de ma langue. Mes yeux s’ouvrirent et virent dans l’obscurité l’étranger au-dessus de moi, ses lèvres contre les miennes. Ce baiser audacieux était d’une telle insolence, qu’une punition arriva promptement : un claque sur la joue gauche et un coup de genou dans l’abdomen firent reculer l’homme qui tomba sur le sol, recrachant par la même occasion des fleurs de kalyptus qu’il macérait dans sa bouche. L’éclairage lunaire qui passait à travers la fenêtre révélait qu’il était nu, mais que contrairement à notre première rencontre, il n’était plus blessé. Tel un chienchien battu, il m’observait fixement d’un regard innocent. Ressentant ma colère, il sortit précipitamment de ma chambre pour rejoindre le salon. A quoi pensait il ? Je n’étais pas en sécurité dans ma propre demeure. Je me levais de mon lit pour mettre le malotru à la porte. Je sentais soudainement quelque chose grandir à travers ma gorge : des germes de kalyptus poussèrent et me démangeaient peu à peu le palais, en plus de me donner une haleine si fraîche qu’elle en inhibait mon odorat. D’un doigt dans la bouche, j’arrachais les pousses délicatement et les jetais au sol. Elles étaient recouvertes et gorgées de mucus. Ma fièvre et mon rube s’estompaient alors à une vitesse folle, et ce n’était pas une coïncidence. Cette démonstration d’effet magique levait alors mes doutes sur l’identité de mon invité. La colère laissait place à l’opportunisme : dans mon salon se trouvait alors un potentiel cobaye de choix, dont l’étude des propriétés magiques pouvaient me permettre de mettre au point des potions aux effets inimaginables. Pour une raison que j’ignorais encore, il était naïf et amnésique, et je devais profiter de son état de faiblesse afin de le faire mien. Dans cette optique, je me dirigeais vers le salon, une corde à la main.

L’homme aux cheveux blancs était sur le palier de la porte, et me regardait fixement. Il savait que je souhaitais le capturer. Il avait ainsi rapidement subtilisé une bourse en cuir qu’il tenait dans sa main droite. Elle contenait un liquide corrosif que j’avais mis au point l’avant-veille, qui pouvait faire fondre le verre, la céramique ainsi que le métal, mais qui n’affectait pas les matières organiques. Je savais qu’il pouvait l’utiliser pour causer des dégâts dans ma demeure et profiter du chaos et s’enfuir. Je savais également qu’il lisait en moi comme dans un livre ouvert, et que pour le coup, mon intelligence m’aura fait défaut. “Fais ton choix.” furent les trois mots qui résonnèrent dans mon esprit au moment où il lança la fiole sur mon étagère à potions. Le liquide s’expulsa de la bourse à l’impact du haut de l’étagère, et commençait à couler le long de celle-ci. J’étais alors face à un dilemme : Laisser mon travail se détruire de lui-même pour tenter de capturer le protecteur qui s’enfuyait ou préserver ce qui définissait ce que j’étais : une alchimiste. Dans l’urgence, mon instinct pris le pas sur ma réflexion : j’accourais vers mon placard à éponges pour absorber le liquide. La catastrophe était évitée, et l’homme aux fleurs parti. Lingqi, réveillé par le bruit, chantait une chansonnette pour louer ma guérison. Il ne restait du protecteur que ses bandages usés dont le sang s’était transformé en pétales de roses, l’haleine de kalyptus qui semblait être permanente, ainsi que l’enseignement final du protecteur : préserver à tout prix ce qui m’est cher.
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Vous avez lu les premières pages du carnet Rose. Intrigué par ces histoires, vous continuez votre lecture. Après plusieurs pages blanches, vous pensez qu'il n'y a rien d'autre dedans. Vous êtes insatisfait : les derniers récits n'ont pas suffit à contenter votre curiosité, et vous en voulez plus. Vous tournez la tête un instant, croyant entendre un bruit derrière vous. Lorsque votre regard revient sur le carnet, une page qui était vierge deux secondes plus tôt porte désormais les écrits suivants :

Laissez-moi donc partager avec vous de nouvelles amorces. Si l’une de ces idées vient vous inspirer à écrire, à imaginer, soyez LIBRES de développer ces scénarios comme il vous plaira. Transformez-les en histoires, courtes ou longues, tragiques ou joyeuses : laissez-vous porter par la spontanéité qui habite cet endroit, et écrivez simplement ce qui vous vient à l’esprit.

Faite : Alors que vous vouliez vous faire une belle omelette, la coquille d'un œuf se brise d'elle-même. Il en sort un crocodaille qui vous prend pour sa maman.
Faite : Votre famille a été laminée par une horde de Bworks sans vergogne. Vous êtes le seul rescapé de la maison et ce n'est pas faute d'avoir subi les pires atrocités. Vous décidez de partir à la recherche des origines de cette violence.
Faite : Homme aux obsessions loufoques, vous essayez de prouver que Malvadar-Jandric est coupable : c'est lui qui laisse régulièrement des traces dans les toilettes de Lhambadda.
Faite : Vous vous demandez quel bruit fait un favori de Shariva lorsqu'il couine de douleur et vous vous sentez soudainement pris d'une envie étrange de capturer un Mal-Jabar.
Faite : Vous avez eu une enfance heureuse, avec des parents aimants et tous les jouets que vous désiriez. Aujourd'hui, vous vous rendez compte que vous n'êtes qu'une marionnette de Dramak. Vous vous échappez.
Faite : Il apparaît que les 12 dieux du panthéon sont divisés en deux catégories : bienveillants (Féca, Sadida, Eniripsa, Xélor, Cra, Iop) et malsains (Sram, Sacrieur, Osamodas, Pandawa, Ecaflip, Enutrof). Vous êtes le premier à porter deux marques connues comme mutuellement exclusives : à la fois des ailes d'eniripsa et des tatouages de sacrieur.
Faite : Après une soirée beaucoup trop arrosée, vous remarquez que vous avez changé de sexe.
Faite : 13 raisons de côtoyer le familier d'un Favori. La sixième va vous étonner !
Faite : Vos bandelettes de xélor sont dotées d'un curieux pouvoir : à l'approche du danger, elles se resserrent. La fois où vous avez failli mourir, elles vous ont serré comme une poignée de main bourrue. Alors que vous faites essayer vos bandelettes à un ami, celui ci explose et meurt, écrasé par vos bandelettes.
Faite : Trop de bière vous a fait perdre toute mémoire des derniers jours. Vous vous réveillez entouré de 6 encapuchonnés. Ils vous apprennent que vous êtes désormais à la tête des mystérieux favoris de Shariva, suite à "vos actions de ces trois derniers jours".
Faite : Vous êtes un disciple de Iop un peu simplet, invité et forcé à joindre un séminaire sur la biomécanique Steamer.

En temps et en heure, je viendrai écrire ici d’autres amorces. D’ici là, n’hésitez pas à laisser libre court à votre imagination dans les nombreuses pages blanches qui suivent. L’imagination a toujours été une alliée de Shariva. Peut-être que celle-ci ne restera pas insensible à vos efforts.Je suis sûr que vous trouverez bien une plume et un peu d'encre pas loin.
— Le rose
 

 
[Lien vers les amorces suivantes]
Score : 634
Mal-Jabar|2016-09-08 20:13:10
Vos bandelettes de xélor sont dotées d'un curieux pouvoir : à l'approche du danger, elles se resserrent. La fois où vous avez failli mourir, elles vous ont serré comme une poignée de main bourrue. Alors que vous faites essayer vos bandelettes à un ami, celui ci explose et meurt, écrasé par vos bandelettes.


Le Bouffon de Xelor, journal d'un fou.


Mon nom est Kuantik Taktok. Je suis un disciple de Xelor, j'ai cinquante-quatre ans, j'aime la pêche, les promenades et l'aventure. Et accessoirement, je pense être un élu du Grand Chronomaître.

Vous devez vous dire que je suis un de ces imbéciles qui se croient au-dessus des autres et qui finiront piliers de taverne. C'est possible, mais j'ai de bonnes raisons de croire que je suis ce que je prétends être.

Contrairement à tous mes condisciples, mes bandelettes sont dotées d'un pouvoir étrange : elles se resserrent en cas de danger.

Selon un des préceptes de Xelor, un disciple doit toujours resserrer ses bandelettes avant de se téléporter. Le don de mes bandelettes me permet de me téléporter très rapidement si je suis menacé, ce qui m'a valu une capacité de fuite supérieure à mes condisciples. Comme si Xelor m'avait inclu dans ses desseins pour que j'accomplisse quelque divine destinée, et qu'il voulait me maintenir en vie.

Évidemment,ce don n'a pas que des avantages, il m'attire aussi les foudres de mon entourage et la jalousie de mes confrères, ce qui m'a valu quelques surnoms imagés tels que " Le Lâche", "Temps-qui-fuit" ou " Débandeletteur". Ce n'est pas grave, je les comprends. De toute façon je suis du genre solitaire.

Solitaire,mais pas seul pour autant. J'ai fait la rencontre de la plus brillante, la plus douce des disciples de Xelor : Mélissa Blyeh. Nous nous sommes rencontrés en effectuant quelques missions ensemble, au départ. Elle était forte, plus forte que moi. Chaque jet d'aiguille était précis et mortel, et elle maniait le marteau de guerre comme personne. Contrairement aux autres, elle se fichait de mes bandelettes magiques. Elle me voyait moi, sous les bandages, Kuantik, l'homme, le pêcheur, le promeneur, et pas Kuantik l'élu de Xelor. Elle m'apaisait par sa simple présence, harmonisait mon Tique avec son Taque, en chœur avec l'horloge divine. Vous vous en doutez, il ne m'en fallut pas plus pour tomber sous le charme, et je l'ai mariée sans perdre de temps.

Hier, nous sommes justement partis en mission, dans les souterrains de l'île des Wabbit, à la recherche de hors-la-loi, les Fwèwes Mawto, deux Wabbits experts en forage et en pose de pièges. Rien qui ne soit pas à notre portée, bien sûr, la routine.

Mais les choses ont mal tourné.

Alors que nous approchions du repaire des brigands, j'ai demandé à Mélissa d'échanger nos bandelettes. Pourquoi ? Parce que Mélissa partait toujours devant, en éclaireur, et que nous étions face à des poseurs de pièges. Au moindre risque, les bandelettes se resserreraient pour la prévenir. Nous avons donc échangé nos bandelettes, ainsi qu'une douce étreinte, nos peaux étant rarement à découvert. D'ailleurs, un des avantages des femmes Xelor, c'est qu'elles ont la peau douce sous leurs bandelettes. Mais je m'égare. Après avoir revêtu mes bandelettes magiques, ma douce Mélissa s'est avancée dans le couloir, aux aguets.

Mais le piège s'est déclenché trop vite.

Le sol sous nos pieds s'est effondré, et nous avons chuté dans un gigantesque gouffre, une cave noire comme Ombre, où nous ne pouvions voir ni parois, ni fond. Un néant. J'ai resserré mes bandelettes en urgence et me suis téléporté vers le haut. Par chance, j'ai pu m’agripper au niveau supérieur et me hisser au bord du piège. Mais pas Mélissa.

Mélissa n'avait qu'un point faible. Elle avait peur du vide. Et ce gouffre était son pire cauchemar. Sa phobie a probablement alerté les bandelettes, réceptives, qui se sont resserrées, resserrées, resserrées encore ... Prises en étau par le plus grand danger de ma femme, elle se sont resserrées si fort que le corps de Mélissa n'a pas supporté, et elle a explosé.

Voilà,cher journal, comment j'ai compris que je n'étais pas l'élu d'un dieu. j'ai été fou de croire que nous serions toujours protégés par le Seigneur des Heures. Non, les dieux nous regardent à peine. Et j'ai payé le prix de mon erreur par le prix de ma femme.

Bonne nuit, journal. Il est temps de partir.

-Journal de Kuantik Taktok, bouffon de Xelor.
 
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Score : 953
Mal-Jabar|2016-09-08 20:13:10
Alors que vous vouliez vous faire une belle omelette, la coquille d'un œuf se brise d'elle-même. Il en sort un crocodaille qui vous prend pour sa maman.

Le Tendre et le Gras


La cloche de l’horloge sonne 7 fois. Il est 19h.

« J’ai faim. Je vais aller me préparer une belle omelette avec l’œuf que j’ai trouvé hier. Il est absolument énorme ! J’en salive d’avance. »
« Fais attention qu’il n’en sorte pas un dragon ! »
« Mais non voyons. Et avec mon appétit, je le mangerais aussi ! »


Cette dernière parole se suit d’un rire gras d’un homme qui l’est tout autant.

L’homme à l’embonpoint se saisit de l’œuf.

« C’est étrange. On dirait que… Que ça bouge. »
« Tu perds la tête très cher. »


La coquille ovoïde commence à se fendre. Les yeux écarquillés, l’œuf craquelé. Ce dernier laisse apparaître une petite tête verte.

« Par tous les dieux ! C’est… C’est un crocodaille ! »
« Ma parole tu as encore sifflé tout le v… Aaaaaahhhh ! »


Boum.

Lâchant sans hésitations ce qu’il avait dans les mains, relevant sa bedaine, l’homme se met tant bien que mal au sol près de sa compagne. Il crie près de son oreille, lui met quelques allers-retours. Rien à faire. Elle ne répond plus. Il reçoit une caresse sur la jambe pour seule réponse à ses pleurs. C’est le petit être qui se frotte à lui avec un regard attendrissant. Notre bon mangeur le saisit par la taille pour pleurer à ses côtés. L’écaillé se frotte à sa joue pour tenter de sécher ses larmes.

« Je vais t’appeler … Boum. Qu’en penses-tu ? Ça te plait ? » dit-il entre deux sanglots.

Le regard de la bête est brillant. On dirait bien qu’il accepte ce nom avec entrain.

Rlmpf.

Un reniflement sonore. Des larmes séchées du dos de la main. Il vient de perdre sa femme mais de trouver un ami.

Les jours suivants, il l’amène avec lui. Le fait courir, visiter sa petite ville, travailler avec lui… Ce qui n’est pas très bon pour ses affaires, la clientèle apprécie beaucoup moins Boum que lui.

« Tu as bien grandi Boum. »

Un hochement de tête et un sourire laissant apparaître de larges canines comme réponse. L’homme prend les cuisses de la bête dans sa main sans réussir à en faire le tour.

« Et regarde-moi ces cuisseaux. Tu es devenu musclé ! »

Le petit Crocodaille en joue : gonfle ses biceps et prend des positions d’athlète. Ça fait beaucoup rire son maître.

« Quel farceur ! Allez, allonge-toi ici Boum. » dit-il en tapotant de la main sur le bois.

L’animal s’exécute, se met sur le dos, les 4 pattes en l’air et attend des caresses.
La main boudinée vient se poser sur son ventre et le tient fermement.

Tchac.

Un coup de hachoir directement dans la jugulaire. La coupure est nette et précise, sans bavures. Le sang gicle sur le tablier blanc du boucher. Il pousse la tête du dos de son hachoir pour la faire tomber dans le panier à côté de l’établi puis continue son travail. Il enlève la partie protectrice et retire bien les écailles laissant apparaître les organes de l’animal.

Il prend le foie. Les rognons. Le cœur. Tout ce qui peut se manger. Puis les met dans du sel pour les conserver.

« Ça va être ex-ce-llent. La clientèle va t’adorer. » dit-il avec un large sourire satisfait.

Puis il continue. Il connait la musique, ce n’est pas son premier morceau.
Il découpe les dernières parties de l’animal du bout de sa lame. Séparant le tendre du gras.
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Score : 1263
  • Vous êtes un disciple de Iop un peu simplet, invité et forcé à joindre un séminaire sur la biomécanique Steamer.

... Le séminaire de biomécanique était dans deux jours, cette année allait être faste car déjà tous les spécialistes du milieu s'enthousiasmaient de la présence honorifique d'Oscar Pistorustine...

... Dans l'atelier du grand Pistorustine un apprenti tentait de percer les brumes steamers auprès du grand maître ....


"-Quel est ton nom déjà ? Dit Oscar.
- On m'appelle Loulou, répondit l'apprenti en reniflant.
- Bon Loulou... J'ai besoin de ton aide ici, on m'a dit que tu étais un disciple de Iop n'est-ce pas? Dans deux jours je dois faire mon grand retour sur la scène scientifique et nous avons mis au point une machine qui va révolutionner l'univers.
- Qué machine chef ?
- Je l'ai appelée ... Le sarcophage revitalisant... Mais je n'ai pas encore eu l'occasion de tester ses bienfaits sur un être vivant.
- Oh le nom il est chouette chef !
- Tu seras donc mon cobaye Loulou ! Tu subiras des blessures puis tu entreras dans le sarcophage. Ma machine les soignera instantanément !
- Roh chic hé j'avais jamais été cowboy avant.
- Reviens demain, je mettrai tout en place pour l'expérience.

... Oscar raccompagna Loulou vers la sortie avec hâte en s'assurant que ce dernier ne divulguerait rien de son projet. Loulou se retrouva dans la cours devant l'atelier d'Oscar et alors qu'il se dirigeait lentement vers le portillon, il croisa une magnifique créature que ses instincts de Iop ne sauraient ignorer ...

- Oh vindIop qu'vous êtes magnifique madame... Roucala Loulou à la créature.
- Jeune flatteur, vous dites ça à toutes les femmes !
- Oh que non Loulou il flashe que sur les plus belles promis m'dame.
- Hi hi hi ... Charmeur ! Loulou, c'est votre nom ? Je me présente, je suis Reeva Steamkamp. Je suis l'assistante du professeur Pistorustine.
- Moi je suis son cowboy. Je reviens demain pour expériencer un coffrage.
- Ainsi donc nous nous reverrons bien assez tôt mon cher, prenez de l'avance demain, je vous montrerai ma cachette dans l'atelier. Ricana Miss Steamkamp.

... Le lendemain Loulou revient mordicus à l'atelier du professeur pour revoir la belle et tester ce que le professeur a prévu pour lui. Il est en avance et c'est Reeva qui l'accueille, il descendent dans l'atelier ensemble...

- Tu vois Loulou, c'est ici que je me change, ça c'est mon costume de scène pour le jour de la présentation. Veux-tu me voir l'enfiler ? Reeva pointa un costume plus que suggestif accroché sur un cintre.
- Oh madame Reeva d'acc... Oh oui, je ferme les n'œils... Répliquât Loulou farouchement.
- Je fais vite, ne sois pas gêné, regarde.
Reeva passa derrière un auvent avec le cintre et le costume. Puis, telle une ombre chinoise se défleuri sous le regard pantois du jeune Iop.
Loulou n'avait pas trois neurones pour une addition mais assez pour évaluer le potentiel anatomique de la belle Reeva.
Reeva passa sa main hors du auvent et fit signe au Iop de la rejoindre, ce dernier se glissa à ses côtés et rejoignit l'ombre chinoise.

... Oscar Pistorustine entra dans l'atelier au moment inopportun où nos deux amants s'enlaçaient, épris amoureusement de la belle Reeva il reconnut immédiatement ses gloussements de l'autre côté du auvent. La rage monta tel un ouragan en lui et il lança une série d'embuscades en direction des ombres. Le calme retomba dans l'atelier, Oscar se décomposa lorsqu'il vit Loulou à genoux devant le corps de Reeva allongé au sol, inanimé ...

- Qu'ai-je donc fait ? Reeva ma bien aimée !? Paniqua Oscar.
- Hé Doc vous êtes là ! Venez vite la belle dame elle s'est comme qui dirait effondrée.
- REEVA ?! Pourquoi ?! TOI ! ! ! ,dit-il en désignant Loulou. Mets la dans le sarcophage immédiatement, nous allons la sauver !
- OkiDok tout de suite ! Loulou s'attela à porter le corps flasque et tiède et le jeta dans l'ouverture du sarcophage.
- Reviens ma belle ... Allé reviiiiiiens.... Ecarte toi imbécile ! Je démarre le processus !

... Un vacarme sourd se fit entendre, tout l'atelier se mit à trembler, la lumière émanant de la machine était aveuglante. Lorsque tout retomba, les regards se tournèrent vers les derniers volutes de fumer qui se dissipaient dans l'ouverture. Le corps de Reeva n'avait pas repris vie, il avait commencé à cuire à certains endroits et l'odeur ouvrait l'appétit de Loulou malgré lui...

- JE SUIS FOUTU ! Lança Oscar en maudissant sa machine.
- Elle est foutue... Lança Loulou en regardant Reeva.
- NON JE SAIS ! Rien n'est perdu ! Tu seras mon assistant pour demain ! Nous irons ensemble au séminaire et tu entreras dans cette machine que tu le veuilles ou non !
- Mais elle marche pas votre machine chef ! Je veux pas cuire comme la belle poupée là !
- Tu le feras ! Menaça Pistorustine en lançant son regard furieux au pauvre Iop.

... Le lendemain, nos deux compères se rendirent au séminaire, Loulou précédait Oscar qui le menaçait avec une seringue dans son dos. Ils montèrent sur scène ensemble et Loulou se prêta au jeu de mise en scène du biomécanicien. Dans sa folie de succès, Pistorustine avait oublié de nettoyer son sarcophage, c'est alors que Reeva fit sa piètre entrée en scène lorsque Loulou ouvrit la porte de la machine et que Reeva vient s'échouer au pied du Iop devant une assemblée de scientifiques dubitatifs et choqués.
Malgré les efforts colossaux de ses avocats, Pistorustine fût condamné à la réclusion.
Loulou, quant à lui s'en retourna à ses occupations de simplet, à aucun moment il ne fut inquiété dans cette affaire...
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Score : 129
Mal-Jabar|2016-09-08 20:13:10
Homme aux obsessions loufoques, vous essayez de prouver que Malvadar-Jandric est coupable : c'est lui qui laisse régulièrement des traces dans les toilettes de Lhambadda.

... L'audience va bientôt commencer. Mon vieil ami Malvadar s'approche. Le teint jaunâtre, avec sa barbe verdoyante, et son éternel chapeau de paille, il semble serein. Au long loin du grand couloir empreint de tapisseries moches le menant à la cour, il m'interpelle pourtant avec arrogance ...

-Penses-tu pouvoir convaincre la foule de ma culpabilité mon cher Badinterix? N'as-tu pas plus important à faire vilain Gaulois mal beurré ? Que penserait La déesse Féca de toi ?

-Cesse donc ces appellations à mon égard venues de tes songes fulminants. Je suis au clair avec mes convictions et ta culpabilité.Par mon bâton Je te mènerai à la sentence, et par mon bouclier ne céderai point devant ta nonchalance ! Aujourd'hui tu changeras devant l'audience.

-Allons bon, toi et ton écharpe de feu , vous savez bien qu'on ne les gagnes pas toujours les causes.

- C'est ça, cause toujours !

... La salle est pleine. La détente semble dominer. Je vais leur montrer moi ! Je vais leur prouver à tous. Chaque aventurier dans cette salle ressortira grandit. Aussi sanguinaires que soient lesleurs, ma cause, elle, est juste ...

Pour cette affaire, c'est le juge Osamodas Zoémine qui trône. Une femme à fleur de peau, et extrêmement respectée. Parfait. Les membres du jury semblent un peu ralentis par contre. Est ce que ça ira ?...Tien ? Qui est assis devant cette vieille machine à écrire ? Je ne vois pas sa silhouette, pourtant je sens une présence narquoise. Un Sram farceur peut-être ? Je ne comprendrai décidément jamais ce peuple froid et solitaire. Bref, ça va démarrer ...

*Brouhaha,Sifflement, Rires*

WhhhouuTishhhhh: Le fouet de la Juge se fait entendre, le silence se fait comprendre.

Les premiers claquements de la machine à écrire font écho : « Affaire N°1981, La truculente trace de pneu chez Lhambadda, 26 Javian de l'an 647 . . . C'était un Jeudi. »

- Mme la Présidente, Mesdames et Messieurs les jurés ; afin de faire la lumière sur cette affaire... Infâme, de traces laissées dans notre cabinet de Lhambadda, j'appelle à la barre Mr Malvadar-Jandric.

Par une démarche molle, Malvadar soulève sa chair pour se diriger vers son prochain appui.

- J'y cours mon ami, bien que cela me paraisse absurde. Nous faisons perdre son temps au jury. Temps si précieux pour ces messieurs les Énutrofs.

Le grincement métallique de 12 pelles en colère ne tardèrent pas à se faire entendre
WhhhouuuTiiishhhh !

-Silence !!!

...La Salle est tendue, le jury est désormais attentif, Allez ! Je me lance...

- Mesdames et Messieurs, Camarades aventuriers, Si je vous ai demandés de vous réunir aujourd'hui c'est pour examiner ensemble une succession de faits abjectes. Des faits déchirant pour le sens commun et insultant envers nos frères d'armes. Des faits accablants dirigés vers un seul et même homme. Le chef d'un clan de Mercenaires à Lhambadda. Mr Malvadar-Jandric. Chaque jour de la semaine passé, Malvadar a bafoué les règles du savoir vivre anarchiquement instaurées au sein de notre communauté en souillant notre pièce la plus commune à Lhambadda, sans en relever la gravité. Lui qui se targue je cite : de « Participer à l'effort de volontariat au sein de l’Équipe »

- Badinterix,tu es ridicule. Te rends-tu compte que nombreux sont les mercenaires à côtoyer Lhambadda ? Ca peut-être n'importe qui. Et tu as raison j'ai bel et bien dis et écris ceci lors de notre réunion pour mon investiture en tant que Maître. Et je continue de défendre ce point de vue coûte que coûte. Aussi j'attends des preuves de ce que tu avances.

- Des preuves ? Je ne suis pas venu le havre-sac vide. Regarde ceci. Tu les reconnais ? C'est une touffe de poils verts. La même teinte que cette barbe éclatante que tu détiens. Mais ce n'est pas tout. J'ai apporté également ceci. De la paille. Tout le monde dans cette salle peut témoigner. Tu ne te sépares jamais de ce chapeau de plouk. Tout ces éléments retrouvés chaque soir de la semaine après que tu te sois mystérieusement enfermé dans nos toilettes parfois pendant plusieurs heures alors que tu laissais à chaque fois derrière toi tes méfaits.

- C'est absurde, je n'ai jamais fait pareille chose. Pour quelle raison je resterais enfermé si longtemps pour simplement y laisser... ma carte de visite ? Qui plus est sans que je m'en souvienne !

- C'est sans compter sur ta nature de disciple Sadida. Cette caractéristique fait de toi un protecteur de la nature, capable de contrôler arbres et racines certes, et cela est très louable. Je garde d'ailleurs ceci en respect. Cependant cette nature fait aussi de toi un grand dormeur. Passant une bonne partie du temps assoupis. Les toilettes sont la seule pièce de Lhambadda qui se ferme de l'intérieur, et dans laquelle l'on peut y être seul et se reposer par exemple.

- Ca suffit ! Je refuses de continuer à subir de telles insultes. Non seulement envers moi mais aussi envers mon peuples ! Je suis déçu qu'il y en ai encore qui pensent que les Sadidas dorment tout le long du jour sans raison. Ce que vous prenez pour un sommeil profond est en réalité une activité intense s'apparentant à ce que vous appelez« rêve ». Nous, nous appelons ça « Faire le passeur de songes ». Cela nous permet de capter et de concentrer des énergies pour nos invocations. Je te pensais compréhensifs Badinterix. Toi qui de tous nos amis fut le premier à m'appeler « Six roses ». Une si belle fleur, qui plus est six d'entre elles. Ce surnom n'est-il pas la preuve de mon implication constante pour la propreté au sein de notre communauté ? Comment peut-tu remettre en cause maintenant mon intégrité naturelle ?

Plus aucun son ne résonnait . Pas un rire, pas un chuchotement. Seulement des dizaines et des dizaines de regards fixés sur le pauvre Sadida.


- Malvadar. Ne t'es-tu jamais rendu compte ? Ta peau... Elle est jaune. Si tu ne te souviens pas de tout ces événements ça n'est pas parce que tu n'as rien à te reprocher, c'est à cause de ton problème de boisson. Est ce que tu sais que depuis 2 semaines les livraisons de bière D'Astrub (signée de ta main) coûtent à Lhambadda près de la moitié de son budget mensuel ? Le tavernier Tek Abir lui même nous a avoué avoir des difficultés à honorer ces livraisons. Les traces que nous avons retrouvées sont particulièrement odorantes et acides. Ce que tu défends comme un sommeil profond et essentiel,n'est en fait qu'un état de coma dont résulte tes oublis quant à la propreté de l'endroit.

- …
- ...
- ... Pourquoi personne ne m'a rien dit ?

- Parce que tu es le Maître du clan. Que l'on oserait jamais douter de toi, et que jusqu'à maintenant cela n'entravait pas le confort particulier des autres membres. Mais cela doit cesser.

La foule se déchaîne. Tous veulent étriper cet ivrogne mis à nus et désormais fragile. Les Dagues volent, Les Sacrieurs se taillent les veines, et les Charmantes Eniripsa crient «AU BÜCHER !!! ». Malgré toute leur intelligence musculaire, les pauvres Iop ont bien du mal à contenir toute cette animosité. Le chaos est à son paroxysme.

WhouuuTishhhhhhhh ! WhouuuTiishhhhhhhh !

- CA SUFFIIIIIIIIIIIIIIIT !!!

... Grrrr Le claquement violent de ce fouet met chacun de mes poils au garde à vous. Enfin bon, le calme revient au moins...Quelle hystérique celle la...

- Mais que puis-je faire maintenant ? C'est comme si tu me demandais de décrocher la Lune, et de la remettre à sa place.

- Cette audience n'est pas que de la poudre aux yeux Malvadar. J'espère que vous, Madame la Juge, et vous également messieurs les jurés, saurez prendre actes de ces révélations. Mais je souhaite surtout m'adresser à vous tous qui êtes ici . Vous tous qui rigoliez de cette assemblée, vous tous qui doutiez de ma lutte et qui aujourd'hui seraient prêt à égorger ce pauvre Malvadar de sang froid. Pour tous ceux là j'accuse une nouvelle fois. Je vous accuse d'être animés par une double conviction. La première : C'est qu'il existe des Dofusiens totalement coupables. C'est à dire des Dofusiens totalement responsables de ce genre d'actes. Et la deuxième, c'est que l'on peut se faire justice soit même. Et bien laissez moi vous dire que l'une et l'autre affirmation me paraissent également erronées. Aussi terrible, aussi odieux que soit cet acte, il n'est point d'aventurier en ce monde, dont la culpabilité soit totale, et dont il faille, pour toujours, désespérer totalement. Et quant à la justice, aussi sage, et aussi respectée que soit madame la Juge, Rien ne peut changer que cette justice soit Dofusienne, sans recul, et par conséquent faillible.

...L'audience se termine enfin. Le sentence est rendue. Malvadar sera accompagné par des volontaires de Lhambadda afin de l'aider dans son sevrage. J'ignore si mon message est passé. Mais la foule s'est dispersée sans aucun bruit. Je ne perçois plus de haine ni de moqueries. Je garde espoir. Les Douziens n'ont peut-être pas perdu tout leur savoir vivre.
     
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    • Il apparaît que les 12 dieux du panthéon [...] Vous êtes le premier à porter deux marques connues comme mutuellement exclusives : à la fois des ailes d'eniripsa et des tatouages de sacrieur.


    « L’altruisme est une notion abstraite dont sa contradiction fait sa beauté : Prétendre ne penser qu’aux autres pour au final satisfaire son bonheur personnel. Lorsqu’un « altruiste » a conscience de cela, cette notion se transforme, brûle vos ailes de bonté et vous marque des stigmates de la vérité : vous êtes un égoïste et ne pensez qu’à votre plaisir. Dès lors, ce monde hypocrite se retourne contre vous comme si vous étiez un virus qui risque de se répandre. Mais si l’égoïsme était un virus, alors le monde serait déjà condamné… »


    Des coups contre la porte m’interrompirent dans mon élan d’inspiration, la poussière tombante du « plafond » salissant mes notes. Par panique je tente d’essuyer ces dernières en oubliant que l’encre n’était pas sèche… Une étincelle de rage s’alluma en moi que j’éteignis aussitôt avec un soupir. Au final, les oxymores les métaphores n’arrangeaient en rien mon triste sort. Les coups encore plus forts retentirent de nouveau contre la porte, faisant vaciller la poussière et rendant mes notes illisibles. Une voix grave et sale transperça la porte.

    « Lues ! Sal tofu malade magne-toi de venir faire rentrer les bouftous !

    - J’arrive Oncle Rion... »


    Ces bouftous qui ne font que me mordre dès qu’ils me voient… Je me levai alors que ma tête et mes ailes cognèrent les dessous d’escalier qui me servait de plafond, je manquai d’ailleurs de les brûler à cause de la bougie de cire qui illuminait ce qu’on pouvait définir comme étant ma chambre. Obligation de se cambrer pour éviter les mal de crâne, Oncle Rion m’en donnant déjà bien assez. J’ouvris le bout de bois grinçant qui me sert de porte. Je vis Oncle Rion à l’autre bout du couloir, son ventre ne pouvait être contenu dans une simple tenue de berger, son visage aussi rectangulaire qu’un craqueleur présentait un nez presque aussi gros que son ventre, des yeux aussi noir que sa moustache, qui d’ailleurs étaient tellement salle qu’on pouvait tout de suite deviner ce qu’il avait mangé ce midi.


    « Si j’avais su que tu étais aussi inutile, je t’aurais laissé croupir dans cette plaine au lieu de te recueillir, vil monstre que tu es. »


    Le discours typique, j’aurais préféré ne pas être recueilli par un type comme lui, d’ailleurs pourquoi l’a-t-il fait aucune idée, mais j’aurais préféré ne pas être abandonné par mes parents, enfin si j’en ai. Je sortais donc de chez moi, le vent soufflait si fort que je manquai plusieurs fois de m’envoler, si seulement je le pouvais. Un dégradé de gris et de rouge s’étala depuis l’horizon et à travers les montagnes de Cania, la tempête fait déjà rage là-bas, sur le front. Je devais me dépêcher de faire rentrer le troupeau. Les bergers voisins semblaient en avoir déduit de même, et encore une fois me dévisagèrent des pieds à la tête. J’avais fini par y être habitué, être surnommé le Démon. Je les regardai, leur montrai le plus grand de mes sourires, alors que mes cheveux bruns qui volaient au vent cachaient une partie de mes yeux verts, je devais vraiment ressembler à un démon à ce moment-là, vue leur regard apeuré. Je rigolai un peu et finis par me retourner tout en retroussant mes manches, laissant apparaître les tatouages de la divinité maléfique Sacrieur, je les regardai un instant et me parlai à moi-même.

    « Si seulement vous n’étiez jamais apparues. »

    J’étais encore loin d’être né lorsque le monde des Douzes se déchira à cause de la division entre les divinités, d’un côté les Apôtres de la Destruction : Le Démoniste, le Berserker, l’Avide, le Vicieux, le Soûl et l’Impondérable, de l’autre les Grands Augures : le Protecteur, l’Intemporel, le Guerrier, l’Archer, le Semeur et le Guérisseur. Je me perdais dans mes pensées lorsqu’un caillou propulsé par un coup de vent vint rencontrer mon front et me rappela ce que j’avais à faire.

    Je m’avançais plus loin dans la prairie, avant de me rendre compte de quelque chose. J’étais déjà censé avoir été mordu par ces sales bêtes à l’instant où je sortais de chez moi, et pourtant rien. Je m’arrêtais de marcher lorsqu’une énorme rafale de vent manqua de m’étouffer d’une odeur atroce. Du sang. Instinctivement je me mis à courir en direction de cette odeur, elle m’enivrait et m’inquiétait à la fois, j’étais excité et paniqué. Je m’arrêtai et vis près du grillage qui délimitait notre terrain de berger, à l’orée de la forêt, les bouftous, éviscérés. Ce douloureux spectacle réveilla de nouveau en moi cette étincelle, mon regard vacillait mes pensées tourbillonnait mes mains tremblait mes émotions contradictoires s’entrechoquaient, alors qu’une dague se vint se planter dans mon épaule gauche.

    Je tombai par terre, criant de douleurs, mais elle n’était rien comparé à mon corps qui brûlait de l’intérieur, je regardai vers la direction d’où venait la dague, dans les arbres à l’entrée de la forêt, se tenait une Sram habillée tout en noir, ses cheveux blancs cachaient un regard aussi perçant que la lame planté dans mon épaule. Elle sauta par terre silencieusement et se dirigea vers moi.

    « Désolé petit Eniripsa, j’avais besoin d’un peu de tripes de bouftou pour concocter un nouveau poison dont tu es le premier patient.

    - N’approchez pas ! Ne me faites pas de mal s’il vous plaît !

    - Oh pas besoin, tu seras mort d’ici quelques instants ! »


    Mon regarde devint flou, mon corps paralysé me brulait alors que je sentais des fourmis envahirent mon corps depuis mon épaule. Mes sensations de mélangent des gouttes de transpiration s’immiscent dans ma bouche alors que je serre les dents et que mon souffle devient incontrôlable. Je dois respirer ne pas céder à la panique j’essaie d’inspirer profondément par la bouche alors que j’halète de plus en plus fort.


    « Désolé d’avoir croisé ta route petit Eniripsa mais je dois filer au plus vite… Attends… Tu es en train de suffoquer, ou de rigoler ? »


    Déchirer, broyer. Je bondis sur la Sram sans qu’elle n’ait le temps de dégainer une deuxième dague, son visage se crispe d’incompréhension et de surprise. Mon corps brûle de plaisir. Je la fais chuter par terre alors que je l’assène de coups de poings, son sang gicle sur mon visage souriant. Elle arrive à attraper mon bras et me repousse avec un coup de pieds dans le ventre et se relève tout en dégainant une deuxième dague.

    « C’est quoi ça ???!!! Qu’est-ce que t’es bon sang ?? »

    Je ne peux m’empêcher de rire, rire encore et encore de plaisir alors que mon épaule gauche pisse le sang. J’arrache la dague plantée dans cette dernière pour la lancer vers la Sram. Elle l’a pare avec dague et j’en profite pour me rapprocher d’elle et lui heurter mon genou contre son ventre, mon corps est incontrôlable, mais j’aime ça. Elle crie de douleurs mais se ressaisit, fait tourner sa dague autour de sa main et me tranche le torse, alors qu’elle incante un sort de son autre main qui me propulse et m’envoie valser. Je tente de me relever mais mon genou gauche s’écroule comme si il pesait une tonne. En baissant mon regard vers mon genou j’aperçois mon maillot complètement déchiré par son attaque, mes tatouages à nu, et je l’entends dire.

    « Ces tatouages… Tu es l’Hybride ? De l’incompréhension se fait entendre dans sa voix.

    Peu importe, tu vas mourir tué par le poison. J’en informerai le Conseil. »


    Je ne peux plus bouger, mes muscles se tendent alors que mes paupières deviennent aussi lourdes que mon genou. Je commençai à reprendre mes esprits, trop tard sans doute. C’est la fin. Alors que mon regard se tourna une derrière fois vers l’horizon teinté de rouge, j’entendis quelque chose à l’intérieur de moi, là où se trouvait d’habitude l’étincelle, un écho résonnant, une voix féminine douce et apaisante.

    « Ce n’est pas la fin, ne te laisse pas faire, tiens bon… Une voix grave prit alors soudainement le dessus.

    Non, laisse-toi faire encore une fois. »

    Je perdis alors de nouveau le contrôle, et plantai les doigts de ma main droite dans la plaie de mon épaule, je hurlai alors de douleurs, alors que ma main commencèrent à briller d’un éclat bleu, je vis la Sram surprise se préparer au combat.

    « Tes pouvoirs se réveillent au bon moment on dirait. »

    Mes forces revinrent tout aussi rapidement que mon esprit s’évapora. J’esclaffe de rire d’un coup avant de bondir à nouveau sur la Sram, tentant de l’asséner des coups qu’elle esquive aisément, alors que je pensais la toucher, elle disparut instantanément avant d’apparaître juste à côté, me donnant un coup de pieds dans les côtes. Je roule sur plusieurs mètres par terre, je replante à nouveau mes doigts dans ma blessure qui se mettent à nouveau à briller.

    « Je vois, lorsque le poison est sur le point de te tuer, tu te soignes un tout petit peu mais ne t’épure pas totalement afin de continuer à souffrir. Qu’est-ce que c’est glauque. »

    Je n’ai pas le temps d’écouter ce qu’elle dit et je charge à nouveau vers elle. Mais des lames sortent du sol et transpercent mes jambes, des lianes sombres s’enveloppent autour de ces dernières et le bruit de mes os brisés résonnent dans la prairie, la douleur est telle que ma voix se bloque alors que ma bouche est grande ouverte. Je m’effondre et finit par m’évanouir.

    « J’aurais bien voulu t’emmener avec moi, ça aurait été une belle récompense, mais tu m’as retourné l’estomac avec ton coup et l’armée blanche ne va pas tarder à me rattraper, je reviendrai te chercher. »

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    Je sentis la chaleur environnante alors que j’ouvrai les yeux lentement, la beauté du plafond, d’un vrai plafond me fit rapidement comprendre que je n’étais pas chez moi, je tournai ma tête vers la gauche et vis plusieurs personnes allongées et endormies dans des lits d’un blanc immaculé, les bandages sur certaines parties de leurs corps m’invitèrent à comprendre que j’étais dans un hôpital, et je finis par me rappeler tout ce qui venait de se passer, les bouftous, la Sram, la voix à l’intérieur de moi ! Je commençai à me relever quand une douleur au niveau de l’épaule me bloqua et une voix m’interpela.


    « Wowowo doucement l’ami, on a eu de la chance d’être arrivé à temps pour te sauver mais c’est pas une raison pour retourner faire joujou avec des espions du Conseil des Apôtres ! »


    A l’autre bout de la pièce dans un coin se trouvait un crâ assis sur une chaise, sa tenue verte se couplait pas vraiment bien avec son foulard blanc, ce foulard, c’est le symbole de l’armée blanche aux services des Grands Augures. Leurs troupes passaient souvent dans notre village. Ce foulard était caché par de long cheveux châtains, ses yeux verts étaient tout aussi fins et tracés que les traits de son visage. Il se releva, j’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’il me fit signe du doigt et me dit :

    « Oulah oulah, parce qu’on va éviter de faire comme dans les scénarios d’histoires classiques où tu demandes ou tu es et blablabla, je préfère m’y prendre à l’avance. Tu es à Astrub, la capitale militaire actuelle de l’armée blanche. Nous étions à la poursuite de la Sram que tu as rencontré, c’est une espionne qui nous a dérobé quelques informations, en suivant sa trace on t’a trouvé évanoui, et bim quel hasard tu es le super Hybride qu’on cherche tant !"


    Encore une fois, je n’eus le temps de dire un mot qu’un bruit de porte grinçante me coupa, celle-ci se trouvait de l’autre côté de la pièce, où se dressaient de nombreuses armoires bourrées de médicaments ou autres. Un grand homme, sans doute un féca d’après sa coupe de cheveux et son grand bâton, venait d’entrer, il s’appuya contre l’une des armoires les bras croisés, son regard sérieux refroidissait un peu la chaleur de la pièce.

    « Ca suffit Criss pas besoin de blablater il sait même pas de quoi tu parles, viens le Commandant nous appelle.

    - Orh désolé désolé Itag, j’arrive. »


    Au final je n’eus le temps de rien dire, le crâ se leva, s’étira et parti avec le féca à la sortie de la pièce, me faisant un clin d’œil en passant devant mon lit. Avant de fermer la porte, le féca me dit :

    « Repose toi encore un peu, on repassera plus tard te chercher pour aller voir tes parents. Tes vrais parents. »
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    Mal-Jabar|2016-09-08 20:13:10
    Vous avez eu une enfance heureuse, avec des parents aimants et tous les jouets que vous désiriez. Aujourd'hui, vous vous rendez compte que vous n'êtes qu'une marionnette de Dramak. Vous vous échappez.

    Amadéa de Mausart était une jeune demoiselle heureuse qui n’avait jamais eu à se plaindre de quoi que ce soit. Elle vivait avec sa famille dans l’enceinte du château d’Amakna ; quoi de plus normal quand on fait partie de la cour.Les parents d’Amadéa étaient de très riches marchands traitant dans de nombreux domaines : autant vous dire qu’elle n’avait jamais manqué de rien et avait, au contraire, reçu bien plus que de raison. Des jouets à foison, de nombreuses vacances en famille, des parents aimants, un monde idéal, voilà ce qu’elle pensait de sa vie jusqu’à sa dix-septième année. Elle n’avait alors connu aucun méfait, aucun drame, et avait vécu dans un monde haut en couleur où le noir était banni.

    Peu après son dixième anniversaire, ses parents avaient fondé une entreprise commercialisant des peluches aussi douces qu’adorables. D’un naturel généreux et aimant rendre service, Amadéa n’avait pas refusé la demande d’aide de ses parents. Ainsi, tous les jours en allant à l’école elle suivait un itinéraire précis pour déposer les paquets aux clients. Sa candeur l’empêcha de poser des questions qui auraient été délicates pour ses parents. Jamais elle ne demanda pourquoi elle ne devait pas parler des peluches, ne pas poser de questions sur les clients – qui étaient trop âgés, selon elle, pour avoir des jouets – ou pourquoi elle ne pouvait pas posséder l’une de ces peluches. Les enfants Fécas sont élevés dans le respect des valeurs de loyauté, d’honnêteté et de droiture ; c’est cette éducation qui fait d’eux des protecteurs hors-pair. Cependant,mieux vaut se garder de trahir ou de se moquer de l’un d’eux. La vie d’Amadéa changea peu après ses dix-sept ans. Terminant son cycle d’apprentissage, elle entamait une spécialisation en costumagie et c’est en se rendant sur son lieu d’étude qu’elle fit une découverte pour le moins sinistre. Avant de partir, le matin même, pour l’atelier où elle travaillait, son père lui avait demandé de déposer, une fois de plus, un paquet de peluches bouftons chez une cliente en lui répétant à quel point les économies sur les frais de livraison étaient bénéfiques. Elle attrapa sa besace et le sac contenant les peluches avant de passer calmement la porte et de retrouver Phileas, un bon ami à elle. Le jeune Ecaflip accompagnait Amadéa tous les jours à Bonta. Pour ce faire, les jeunes gens prenaient la direction d’Astrub à pied avant de prendre un zaap. En sortant de l’enceinte du château d’Amakna, il y avait un grand élevage de bouftous qu’Amadéa prenait plaisir à nourrir chaque jour. Malheureusement, dans la précipitation elle n’avait rien emporté avec elle ce jour-là. En passant devant les enclos, les bouftous ravis de voir la jeune fille arrivèrent en masse sautillants de joie.

    -Ah, je suis désolée mes petits chéris, j’ai oublié de vous prendre à manger, dit-elle avec un air contrit.

    -Oh, attends Ama, intervint Phileas. Je pense que j’ai un morceau de pain dans mon sac.

    Alors que l’Écaflip commençait à fouiller son sac, Amadéa se retourna et lui dit doucement :

    -Ce n’est pas la peine, un morceau ne suffira pas pour qu’ils puissent tous manger et ils vont se battre entre-eux.

    -Et ce n’est pas cool ? On pourrait parier sur le gagnant ! dit l’Ecaflip pour plaisanter.

    Un léger craquement suivi d’une déchirure de tissu se fit entendre et les deux jeunes gens se retournèrent pour voir deux bouftous en train de mâchouiller le sac, contenant les peluches, posé près de l’enclos. Et avant qu’Amadéa puisse attraper le sac, d’autres bouftous déchiquetaient déjà les peluches.

    -Il faut les en empêcher ! s’écria-t-elle. Je dois livrer ces peluches !

    Elle grimpa et passa par-dessus la barrière et se retrouva dans l’enclos essayant de forcer un passage dans le troupeau. Elle repoussa les bouftous à l’aide d’un bouclier magique autour d’elle et découvrit les peluches gisantes, complètement décousues, au milieu de tas de poudre rouge. Elle fronça les sourcils d’incompréhension.

    -Ama…Ama…l’appela Phileas avec un ton empreint d’inquiétude.

    -Deux secondes, je ramasse ce qui reste, répondit-elle.

    -Non, Ama, insista-t-il. Vraiment, sors de là, regarde ils ne sont pas normaux.

    Un drôle de bêlement la fit se retourner aussi vite coupant ainsi l’effet du bouclier magique. Quelques bouftous aux yeux écarquillés, bavant encore plus que d’habitude, semblaient agités. Le regard de la jeune fille glissa sur la poudre rouge reposant à ses pieds. Elle se pencha très vite pour tout remettre dans le sac et se mit à courir vers la barrière. Les bouftous dans un état second commencèrent à la courser à travers l’enclos. Amadéa, rapide, leur échappa en grimpant sur la barrière. Les bouftous étaient maintenant complètement fous : ils se battaient entre-eux, fonçaient dans les barrières dans un boucan incroyable.

    -Vite,on doit partir, dit Amadéa. Je ne veux pas qu’on se fasse attraper par les propriétaires.

    -Mais je ne comprends pas pourquoi ils agissent comme ça, d’un coup, souffla Phileas.

    Les jeunes gens s’en allèrent rapidement et s’arrêtèrent un peu avant la cité d’Astrub. Amadéa posa le sac à terre et s’agenouilla devant lui pour découvrir le désastre.

    -Regarde ce carnage, déplora-t-elle en montrant les morceaux de peluche recouverts de poudre rouge. Et cette poudre, qu’est-ce que c’est ?

    Phileas fronça les sourcils et attrapa une peluche déchiquetée. Il l’observa sous toute les coutures avant de la renifler.

    -Humpf, ça pique les narines ce truc, dit-il l’air dégoûté.

    -C’est quand même étrange, non ? Demanda Ama. Pourquoi ça se trouve dans les peluches que je dois livrer ?

    -Aucune idée, tes parents ne t’ont rien dit à propos de ça ?

    -Bah, non, dit-elle. Je fais ça depuis longtemps, déposer les paquets chez différents clients.

    -Dis, c’est quand même curieux de vendre des peluches à des adultes non ? demanda Phileas.

    -Je ne me suis jamais posé la question, avoua Amadéa. Je me souviens il y a sept ans,papa est allé en voyage d’affaire à Sarakech et c’est en revenant qu’il a commencé à monter l’entreprise de peluche.

    Phileas eut un air gêné et mal à l’aise, regardant la peluche encore une fois avant de la reposer.

    -Ama, tu as déjà entendu les rumeurs sur Sarakech ? demanda-t-il sans sourire.

    -Non, je n’y suis jamais allée, répondit-elle.

    Phileas se racla la gorge s’en voulant d’annoncer la nouvelle à son amie.

    -Je traîne au port de Madrestam depuis que je suis gamin, tu sais, expliqua-t-il.Un jour j’ai entendu un capitaine qui se vantait d’avoir découvert une mine d’or dans une région tout juste découverte. C’était Sarakech…Et cette fameuse mine d’or, c’est une poudre rougeâtre qu’on appelle l’Épice. Et selon la manière dont elle est diluée, elle peut produire des effets secondaires…et de la dépendance…

    Amadéa se releva doucement en laissant le sac par terre.

    -De…de…de la dépendance ? répéta-t-elle. Comme de la drogue ?

    Phileas hocha la tête gravement pendant que des souvenirs et des pensées envahissaient brutalement la tête de la jeune Fécatte.

    -On ne peut pas garder ça avec nous, dit-il. Je sais qu’on a toujours échappé aux fouilles à l’entrée d’Astrub, mais il suffit d’une fois pour que…

    -Les fouilles, le coupa Amadéa en tremblant. Je…je…C’est pour ça qu’ils me l’ont demandé à moi…J’étais petite avec mon sac à dos, j’étais innocente…Personne n’a jamais regardé mon sac…Ils ont…ils se…

    Elle baissa la tête les yeux remplis de larmes. Elle tremblait mais ce n’était que de rage. Elle se sentait trahie d’avoir été utilisée comme une vulgaire poupée.Elle serra les poings afin de reprendre son calme.

    -Ils se sont servis de moi, dit-elle sèchement. Et ils vont le payer.

    D’un mouvement de main, elle mit le feu au sac contenant la poudre et les peluches morcelées sous l’œil intrigué de Phileas.

    -Mais..que…

    -Avec la zizanie que cette poudre a causé à l’élevage de bouftous, on ne peut pas la garder, expliqua-t-elle. Les gardes du château vont être en alerte et sil’information se répand au-delà du château d’Amakna, ils vont fouiller les sacs dans toutes les cités.

    -En parlant de cité, on va être en retard, fit remarquer Phileas.

    -Moi je n’irai pas, annonça Amadéa. Mes parents ne sont pas là aujourd’hui, je vais en profiter pour prendre des affaires et partir.

    -Partir ?! dit l’Écaflip étonné. Mais tu vas partir où ? Et pourquoi ? Enfin…

    -Je ne vais pas rester dans une famille où l’on se sert de moi comme passeuse de drogue depuis sept ans sans que j’en sois informée, dit-elle froidement. Je ne sais pas trop où mais de toute manière, regarde le sac…Tu as vu la quantité d’Épice qu’il y avait ? Ça doit valoir des milliers de kamas…Des kamas que les clients ont dépensé pour de la poudre dont ils ne verront pas la couleur.

    -Viens chez moi, dit Phileas. Je ne vais pas me rendre à l’atelier aujourd’hui et on trouvera une solution, ok ?

    Amadéa eut un petit sourire.

    -C’est très généreux de ta part Phil, répondit-elle. Mais c’est trop dangereux. Il faut que je parte et que je prenne mes propres décisions, que je décide de ma propre vie. Tu auras de mes nouvelles, c’est promis.

    Elle fit un bisou rapide sur la joue de son ami en lui souhaitant que tout aille bien et s’en alla sans même se retourner. Amadéa marcha rapidement vers sa maison. Arrivant presqu’à la hauteur de l’élevage, elle vit une foule de gens autour des enclos. Elle baissa la tête et se fit petite en passant derrière la foule.

    -Regarde ça…quel désastre !

    -J’ai entendu dire que l’Épice est en cause…

    -Ils disent qu’il y a du trafic dans la région.


    Elle accéléra le pas et passa l’enceinte. Elle souffla en s’appuyant sur un mur quand une voix la fit sursauter.

    -Vous allez bien Mademoiselle de Mausart ?

    Manquant de tomber par terre, Amadéa releva la tête pour voir un garde du château. Il avait l’air inquisiteur. Elle se redressa et tenta de sourire faisant fi de ses mains tremblantes.

    -Oui, oui, merci beaucoup monsieur, dit-elle. J’ai oublié ma boite à couture à la maison et je suis déjà en retard, si vous voulez bien m’excuser…

    -Oh oui, mais faites attention, on a découvert des bouftous drogués à l’Épice,d’autres sont morts et on pense à un trafic dans la région.

    Une pierre sembla tomber dans son ventre à l’annonce de la mort des bouftous. Elle devint pâle comme un linge et le garde le remarqua.

    -Allez, dit-il en lui tapotant l’épaule. Il ne vous arrivera rien, vous êtes une jeune fille prudente et respectable.

    Amadéa hocha la tête vaguement et repris son chemin en courant. En arrivant devant la porte de sa maison, celle-ci s’ouvrit sur ses parents, visiblement très mécontents. Elle fut happée à l’intérieur de la demeure et se retrouva au salon, assise seule dans un fauteuil. Son père avait l’air hors de lui et sa mère était assise et tapotait sur ses genoux, signe d’un agacement profond.

    -J’aurais dû m’en douter, commença froidement son père. C’est toi la cause de tout ce grabuge dehors ?

    -Je..j..non..enfin,bégaya-t-elle.

    Ellen’avait jamais vu son père en colère. Il était effrayant : blême de rage,les yeux écarquillés.

    -Tu sais ce que ta bêtise va nous coûter ? répliqua son père froidement. Il y aura des enquêtes et nous serons bien chanceux que ça ne remonte pas jusqu’à nous.

    -C’est injuste, marmonna-t-elle en fronçant les sourcils.

    -Injuste ? S’écria son père. Comment oses-tu ?

    Amadéa se releva les joues rouges et le visage déformé par la colère.

    -Oui, injuste ! s’exclama-t-elle. Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous m’avez demandé toutes ces années ? Sans que j’en sois avertie ? Vous trempez dans des affaires louches et je devrais applaudir ?

    Elle prit une profonde inspiration et leva un regard méprisant sur ses parents.

    -Vous ne méritez qu’une chose : la prison, cracha-t-elle.

    Le père d’Amadéa lui attrapa le bras et la traîna de force dans les escaliers avant de l’enfermer dans sa chambre.

    -Tu resteras là tant que tu n’auras pas retrouvé la raison, dit-il glacialement.

    La jeune Fécatte se retourna et donna un coup de pied dans une peluche se trouvant au sol. Elle s’assit un instant contre sa porte, perdue dans ses pensées entre la colère, l’angoisse et la déception.

    Elle attendit que la nuit tombe pour faire rapidement un sac de secours. La maison complète sommeillait dans un calme olympien. Ama prit les économies qu’elle gardait au fond d’un tiroir, elle ferma son sac et se dirigea vers la fenêtre. Elle l’ouvrit délicatement et sans un bruit et passa par-dessus. La maison n’était pas très haute et non loin de la fenêtre de la jeune fille se trouvaient des plantes grimpantes le long du mur. Arrivée à terre, elle vit une lumière s’allumer dans la maison et se mit à courir vite, très vite vers le sud. Elle arriva dans le village jouxtant le château : il faisait noir, il n’y avait pas un chacha et la chaleur ambiante de la journée avait disparue. Elle reprit son souffle doucement devant un panneau publicitaire.

    « Frigost !Son île, ses aventures, sa neige magnifique. Venez découvrir ses richesses et ses merveilles ! Deux départs par semaine en partance de la baie de Cania. »

    Elle regarda les prochaines dates de départ et vit que le bateau partirait le lendemain en soirée. Elle n’avait plus qu’une solution : partir sur l’autre continent. Elle parviendrait peut-être à y vivre en paix.

    Elle ne voulait pas prendre le risque de rester dans les alentours ou d’aller à Astrub prendre la diligence. Elle marcha jusqu’au port de Madrestam et trouva le moyen de dormir sous une barque renversée. Elle fut réveillée en sursaut au petit matin par une mouette bien décidée à chanter de bon cœur. Amadéa s’étira et se recoiffa d’un geste bref avant de remettre sa capuche et de se diriger vers le portail zaap le plus proche. Le port était encore désert aux petites heures du matin : quelques marins, des bateaux amarrés çà et là, des chachas se partageant un goujon.

    Elle sacrifia quelques kamas et s’engouffra dans le portail zaap qui l’emmena dans les plaines rocheuses de Cania. Il faisait déjà plus chaud et elle décida de faire une pause. Elle s’assit sur une pierre et mangea un morceau de chocolat. Dans la précipitation, elle n’avait trouvé que ça dans sa chambre. Elle eut un sentiment de manque ; sa chambre chaude, agréable, ses repas, sa vie rêvée. Il avait fallu une demi-journée pour que tout bascule et qu’elle se retrouve à tenter de quitter son continent natal comme une fugitive.

    Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas entendu un souffle rauque derrière elle. Ce n’est que la deuxième fois qu’elle se rendit compte qu’un vétauran regardait son morceau de chocolat avec envie. Elle écarquilla les yeux et lança son chocolat le plus loin possible avant de prendre ses jambes à son cou le plus loin possible. Elle entendit la bestiole rugir et courut plus vite encore. Dans un élan de panique, elle fonça vers une grotte creusée dans la roche. Essoufflée,elle se terra et regarda le vétauran passer devant elle. Elle attendit un moment avant de sortir et de continuer son chemin en direction de la baie de Cania. Elle ne devait plus être loin car elle sentait déjà le soleil se faire plus fort et les effluves salés de la mer. Ses pieds foulèrent le sable et elle soupira de soulagement : elle était bientôt arrivée. Ama observa un embarcadère avec quelques bicoques où l’on vendait des souvenirs, de la nourriture. En arrivant près du lieu, elle leva le regard vers un beau bateau. Où était peint le nom du navire : « Sanguin ».

    Ama arriva près d’une cabine en toile où se tenait un Énutrof en train de dormir paisiblement sur une chaise, les pieds posés sur un comptoir. Elle s’approcha doucement et frappa le comptoir doucement avec son poing ; ce qui ne réveilla pas l’homme. Elle se racla gorge.

    -Excusez-moi ?demanda-t-elle. Monsieur ?

    L’Énutrof ne fit aucun mouvement, continuant à profiter de sa sieste. Amadéa fronça un sourcil et eut une idée. Elle se pencha vers l’homme et dit doucement :

    -Il me semble avoir vu un snouffle pas loin d’ici.

    L’Énutrof fit un bond et tomba de sa chaise avant de monter sur le comptoir hurlant :

    -Arrière monstre ! Je n’ai pas de kamas ! Pas le moindre !

    Amadéa recula de quelques pas,intriguée. L’Énutrof l’aperçut, se calma, redescendit du comptoir et croisa les bras en regardant la nouvelle venue.

    -Où avez-vous un snouffle ?

    -Euh, je…c’était une plaisanterie…

    -Sachez qu’on ne plaisante pas avec les snouffles ! dit-il l’air fâché. Ils veulent voler les fortunes…oh, bien entendu, moi je n’ai pas un sou.

    -Je suis désolée, dit-elle sincèrement.Je voulais vous réveiller. Je veux juste un ticket pour aller sur l’île Frigost.

    Un air intéressé passa sur le visage de l’Énutrof.

    -Ohoh, un nouveau départ n’est-ce pas ? dit l’homme. Je suis le Capitaine Ardier, je suis le seul à faire la liaison entre le continent et l’île. Un ticket coûte 200 kamas.

    Ama sortit une bourse de son sac et attrapa quelques pièces qu’elle donna à l’Énutrof. Elle était soulagée. Le capitaine lui donna un billet en échange et l’invita à prendre place sur le navire qui partirait deux heures plus tard. L’Énutrof monta également à bord pour lui montrer sa cabine et en profita pour interroger la demoiselle. Elle avait l’air d’être épuisée et sa tenue n’était pas très propre.

    -Vous venez de loin ? vous avez l’air très fatiguée, constata-t-il.

    -Je viens de Bonta, dit-elle. Je n’ai pas beaucoup dormi, le voyage jusqu’ici a été assez éprouvant.

    Elle ne voulait pas trop en révéler sur elle en ne connaissant pas son interlocuteur.

    -Et vous pensez faire quoi à Frigost? demanda le capitaine.

    -Je ne sais pas encore, avoua-t-elle.Je vais visiter dans un premier temps, j’ai lu qu’il y avait de très belles régions.

    -Ah, elles le sont toutes, dit-il. Mais elles sont aussi intéressantes que dangereuses. Si jamais vous voulez rester pour y vivre, revenez me voir. Je connais beaucoup de monde.

    Elle eut un sourire fin.

    -C’est très aimable, répondit-elle.

    -Je vais vous laisser dormir, dit le capitaine. Ce soir, je vous raconterai les légendes de notre belle île et nous arriverons au petit matin.

    Amadéa attendit que le capitaine referme la porte pour enlever sa cape et se laisser tomber paisiblement dans un lit au confort rudimentaire. Néanmoins, elle était au chaud et en sécurité.

    C’est ainsi que cette jeune fille quitta ses parents pour partir à l’aventure sur une île lui étant inconnue. Elle ne se doutait pas des aventures merveilleuses et périlleuses l’attendant de l’autre côté de la Mer Kantil.

    Amadéa.
     
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    Mal-Jabar|2016-05-04 10:35:49
    Vous êtes perdu dans la forêt des Abraknydes. Pour passer inaperçu au milieu des terrifiantes créatures, vous avez revêtu un casque fait à partir de bois d’abraknydes. Votre stratégie semble être un échec : les abraknydes se regroupent autour de vous et se mettent à vous suivre.
    Quelle idée…Mais quelle idée ! Crénom de Iop. Pourquoi faut-il que ça me tombe toujours dessus ? Tout ça pour un défi…Un défi idiot que j’ai accepté de relever. Mais en bon Iop que je suis,comment auriez-vous voulu que je refuse ? Une remise en contexte est nécessaire.

    J’étais à la taverne d’Astrub me reposant après une journée laborieuse de combats contre des pious. Principalement des roses, je l’avoue. Ma fiancée adore cette couleur et je voulais lui faire un joli cadeau. Ma journée avait été éprouvante et je buvais tranquillement un verre de lailait quand mon ami Max vint me voir. C’était un disciple Steamer qui aimait crier haut et fort à quel point il était doué en technomagie. Il s’assit près de moi et commença à parler d’un ami à lui, très courageux, qui avait réussi à voler un trésor caché dans le bois des Arak-haî. Il me parla ensuite d’un coffre caché non loin de la clairière du Chêne Mou en ajoutant que celui qui le lui ramènerait aurait son estime à jamais. Ni une, ni deux, je me levai et lui annonçai que j’irai chercher l’objet de ma nouvelle quête. Max ricana et se moqua de moi en disant qu’une pauvre cervelle d’Iop n’arriverait même pas jusqu’à la clairière sans se perdre. Je me levai en croisant les bras l’air furieux et sortant mon épée brusquement, la brandissant en l’air, je jurai de trouver ce coffre. Mon ami me donna quelques indications que je gardais en mémoire. Le lendemain, je pénétrais dans ladite forêt.

    Astrub était très calme aux petites heures de la journée. L’air frais du matin se posait doucement sur mon visage et me donnait toute l’énergie nécessaire à mon aventure nouvelle. En entrant dans la forêt, j’inspirais profondément. J’aimais cet endroit verdoyant aux multiples bestioles n’attendant qu’une chose :tâter de mon épée. Mais je n’avais pas le temps pour ça aujourd’hui ; je devais trouver mon coffre. Alors je continuais mon chemin, passant à côté de différents buissons, effrayant quelques araknes au passage, chantonnant gaiement à tue-tête :

    -Il était un petit Iop, pirouette la mouette, il était un petit iop qui avait une bien drôle d’épée, qui avait une bien drôle d’épée….

    Je continuai ma chansonnette jusqu’au moment où j’entrai dans une partie plus sombre de la forêt. Je m’arrêtai net. Mon regard passa d’un coin à l’autre de l’endroit et je décidai de sortir ma carte avant de me rappeler que je ne savais pas lire. J’étais perdu.

    Me voilà donc au milieu de cette sombre forêt et j’ai l’impression que ça bouge de partout. Un craquement me fait me retourner et je vois au loin un abraknyde. En même temps, dans une forêt on trouve difficilement des koalaks. Je saute dans le buisson le plus proche pour me cacher et je commence à récupérer des brindilles, des feuilles,des morceaux d’écorce pour me fabriquer un costume. Je me relève les bras écartés et j’avance doucement en marchant de biais.

    Tout en continuant mon chemin,j’arrive dans une petite clairière où se trouvent beaucoup de créatures de la forêt. Ils me regardent, je les regarde, ils me regardent et je les regarde encore. Je continue à me déplacer comme si de rien n’était en essayant d’imiter le bruit d’un arbre :

    -Crinch, crunch, crinch, crunch,dis-je avec une voix rauque volontairement exagérée.

    A ma grande surprise, les abraknydes semblent comprendre et poussent à leur tour des cris en me suivant. Je m’arrête et je vois qu’ils font de même. Je reprends ma route en faisant quelques pas avant de me retourner et de voir qu’ils me suivent. Ils n’ont pas l’air fort dangereux et je continue d’avancer tout en regardant de temps à autre derrière moi. Je commence à fatiguer mais je peux encaisser. Ils ont l’air inoffensifs alors je me retourne pour les narguer un peu :

    -Hahaha, vous n’êtes que du bois ! Rien de bien méchant ! Venez donc vous battre avec moi !

    Soudain, j’entends un craquement plus sonore et mon dos se colle à quelque chose de dur. Je me retourne doucement pour observer un monstre de bois grand comme un château. Il n’a pas l’air content et je recule à petit pas en tentant de dialoguer avec les abraknydes. Cette fois ça ne fonctionne pas ce qui signifie une chose : l’heure du combat. Ils se rapprochent tous de moi ; je me décide à sortir mon arme :

    -Hardi et lame au clair !

    Je fonce vers les abraknydes et mon épée fend l’air d’un côté et de l’autre. Je m’apprête à donner le coup final à l’un des ennemis quand le monstre de bois gigantesque s’avance et me donne un coup de branche me faisant reculer le plusieurs kamètres dans la forêt. Il en faut plus pour vaincre un Iop : je retourne au front et je donne des coups dans tous les sens. Le monstre de bois est isolé ; alors ne réfléchissant pas, je fonce vers lui et lui plante ma lame dans le tronc hurlant à plein poumons : « Allez ! fais gicler ! ». Le gros abraknyde grogne de douleurs et me repousse avant de repartir dans les profondeurs de la forêt. Il laisse derrière lui une grosse pierre rouge dont je m’empare fièrement avec un grand sourire.

    Et miracle ! Quand je me retourne, je vois de la lumière et je me rends compte que la bataille nous amenés jusqu’à l’orée de la forêt. Je reprends donc la direction d’Astrub où tout le monde m’acclame pour la réussite de ma quête. Le trésor que je devais trouver était bien ce joyau que je tiens dans les mains. Ma fiancée vient vers moi et m’embrasse tendrement tandis que mon ami Max tombe à mes pieds pour me faire honneur. Les cloches sonnent au loin et je pense à mon futur mariage et la vie trépidante qui m’attend.

    C’est alors que j’ouvre les yeux en bâillant comme tous les matins, seul dans mon lit.
     
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    Trop de bière vous a fait perdre toute mémoire des derniers jours. Vous vous réveillez entouré de 6 encapuchonnés. Ils vous apprennent que vous êtes désormais à la tête des mystérieux favoris de Shariva, suite à "vos actions de ces trois derniers jours".


    Le monde peut sembler bien grand tant que l’ivresse ne monte pas,
    Mais il fut tout autre chose une fois que la bière eue guidé mes pas.
    Les Favoris encapuchonnés et autour de moi, en cercle, réunis,
    Annoncèrent haut et fort que j’étais le meneur de leur parti.

    Fort et fier Iop que je suis, j'ai réclamé alors mes exploits,
    Fort de mes 12 litres de bière, je ne tenais toujours pas droit.
    Ils vantèrent mon courage, car j’avais affronté un cruel ennemi,
    Celui qui fait trembler leurs rangs : le Méryde de l’ennui.

    Ma force fut tout autant placée sur un piédestal,
    À la taverne, j’avais réussi à assommer toute la salle,
    Mais ceux-ci retinrent bien leur rire moqueur,
    En ajoutant que c’était avec mes mots que j’avais créé la stupeur.

    Stupeur qui assomma tous les braves gens, les braves buveurs,
    Car en racontant n’importe quoi, je fis rire un certain voleur.
    Roublard pourtant bien caché dans le grenier,
    Mais qui, dans son rire, le toit fit sauter.

    Là ne s’arrêta pas mon périple vers les Favoris,
    Les douze souhaitaient sans doute s’en tenir à un célèbre dicton :
    "Qui dit qu’ton Iop fait que Shariva rie",
    Car c’est de ma poche tomba tout un sachet de jetons.

    Jetons qui furent pris pour des kamas,
    Et ramassés par des Énutrofs en manque d’argent.
    Mais cette monnaie ne se payait cependant pas,
    Étranges Sharivatons cliquetants et sonnants,

    Appelèrent les encapuchonnés qui aujourd’hui m’ont emprisonné.
    Car aujourd’hui, je ne suis plus libre de rien,
    Si ce n’est que de créer des cadeaux empoisonnés,
    Et de forger des liens.
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    · Vous rencontrez un favori de Shariva, Malvadar-Jandric. Il s’apprête à enlever sa toge devant vous.

    « Saleté de transcription à la noix… »

    Sniam était dans la bibliothèque du manoir de Lhambadda, penchée sur un parchemin qui refusait de lui livrer ses secrets. D’après ce qu’elle pouvait en dire, il avait dû passer sous de nombreuses averses, être mâchouillé sur deux coins par un bouftou, et se prendre au moins une ou deux boissons douteuses en travers des pigments. La main qui avait rédigé le texte devait trembler un peu, ce qui n’améliorait en rien la lisibilité de l’écriture inutilement cursive. Peut-être que si elle prétendait qu’un tofu l’avait emporté, on la croirait et qu’elle n’aurait pas à transcrire le texte au propre. Mais la jeune eniripsa savait bien qu’elle ne pourrait pas mentir en regardant les gens dans les yeux. Et puis, ce parchemin puait trop pour qu’un animal s’en approche de toute manière. Il faudrait qu’elle demande à Ratino d’aérer le manoir demain matin.

    Dans le bougeoir, la chandelle mourante grésilla un moment avant de lâcher un filet de fumée et de plonger la pièce dans l’obscurité. Super. Depuis combien de temps je suis là déjà ? Sniam se leva de son tabouret pour se diriger vers le grenier, à tâtons. Elle grimpa l’échelle et prit une bougie de la réserve, avant de redescendre avec prudence mais mécontentement. Et par ma fiole, combien de temps vais-je encore rester ? Elle prit une grande inspiration pour soupirer, mais se retint soudainement en voyant que la bibliothèque était de nouveau éclairée. Qui cela peut-il être ? Il était extrêmement tard, pour ne pas dire très tôt dans la journée. C’est peut-être pour ça que plutôt que de se révéler, Sniam choisit de mettre la main devant sa bouche pour relâcher sa respiration en silence, et de s’accroupir en approchant discrètement pour essayer de déterminer l’identité de l’intrus.

    Cachée par les étagères pleines de livres et de parchemins et l’obscurité ambiante, la jeune scribe sentit un coup au cœur en découvrant une grande silhouette encapuchonnée se découper à la lumière d’une bougie nouvellement allumée près de l’escalier menant au Hall. Douce Eniripsa. C’était un favori de Shariva. Sniam ressentit à la fois du soulagement et une grande terreur l’envahir. Certes, ce n’était pas un intrus. Mais au fond, était-ce mieux ? N’était-ce pas elle l’intruse, désormais ? Les récits des pouvoirs que possèdent les Favoris lui revinrent à l’esprit, comme un réflexe. Téléportation. Disparition. Elle se souvint même d’avoir vu l’un des leurs survivre après avoir été mangé par une lionne. Que faisait donc celui-là ici, et à cette heure ?

    Elle l’entendit chantonner un air qu’elle ne connaissait pas. Se rappelant le caractère emporté et parfois lunatique des favoris, Sniam décida de rester cachée. Si elle se révélait maintenant, elle risquait fort de se retrouver foudroyée sur place. Soit parce que le favori serait surpris de la voir, soit parce qu’il en aurait décidé ainsi après avoir déduit qu’elle l’espionnait. Ne pas prendre de risques, surtout. Elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils en voyant qu’il bougeait beaucoup, d’un coup. Étaient-ce ses gants, sur la table ? On dirait presque qu’il…

    Sniam arrêta de respirer quand elle comprit que le Favori allait enlever son manteau. Dans sa tête, tous les voyants passèrent au rouge. D’atroces images lui traversèrent l’esprit. On allait la trouver dans la bibliothèque avec les yeux brûlés dans leurs orbites à titre d’exemple. Ils me traqueront. On retrouverait son corps flottant le long de la rivière Kawaii. Ils sauront. Ou alors on lui arracherait la langue pour la rendre muette, la pire des choses pouvant arriver à une disciple d’Eniripsa. Elle serait une paria. La peur de la mort la secoua toute entière et une nausée terrible s’installa au creux de son ventre noué.

    La langue pâteuse, elle fit donc la seule chose sensée que son cerveau parvint à produire. Elle plaqua ses mains sur ses yeux et se mit à prier Eniripsa en essayant de contenir ses larmes de détresse. Plus jamais je me plains de transcrire un texte si je survis à ça. Jamais. Comment la situation avait-elle pu se détériorer à ce point ? Elle n’aurait jamais dû rester si tard, pour commencer. Fuir en voyant la lumière, ou signaler sa présence. Même, rester au grenier aurait été mieux. Ici, elle avait la possibilité d’entrebâiller les paupières, d’écarter légèrement les doigts, de savoir ce que les autres ne savaient pas. Mais les images atrocement réalistes de son châtiment l’empêchaient à chaque fois de céder à la tentation.

    Elle ne sut jamais combien de temps elle attendit là, en bas de cette échelle, prostrée contre le mur et cachée par l’obscurité. Elle sait seulement que quand elle entendit enfin les escaliers grincer et la porte du manoir claquer, elle se sentit à peine plus soulagée qu’épuisée. Dehors, les pious commençaient à se battre sous les premiers rayons de soleil de la journée.

    Malgré elle, elle chercha des indices que le favori aurait pu laisser dans le manoir. Elle ne trouva qu’une odeur monstrueuse aux cabinets jouxtant la scène, et décida de rentrer chez elle pour se reposer et oublier les événements de la nuit.
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    Apprenti chez un tailleur d’Astrub, on vous a volé les précieuses fourrures de givrefoux dont la garde vous imputait. Votre maitre revient très bientôt.

    Je n'ai jamais compris pourquoi mes parents m'ont inscrit à ce stupide stage chez ce stupide tailleur. Savoir coudre deux bouts de tissu ensemble, ça ne sauve pas un monde.

    Tout en lâchant un long soupir, je fis un signe de la main hypocrite au maître tailleur tandis qu'il quittait la boutique pour faire des affaires au marché d'Astrub. J'avais quelque heures devant moi pour... ne rien faire. Je n'avais rien à faire ! C'était la première fois que le maître m'abandonnait sans me donner trente-trois missions irréalisables.

    Alors qu'il disparaissait de mon champ de vision, je courus à toute vitesse vers la fontaine Cra, là où les jeunes filles Cra se réunissaient pour je ne sais quelle raison. Accroupi derrière une caisse le long du mur d'une maison quelconque, je me mis à les admirer. L'une d'elle avait de longs cheveux blonds, des yeux bleus et une certaine musculature... charmante. Comment je pouvais, moi, un Sram de bas étage, espérer discuter plus de douze secondes avec une pareille créature ?

    Je restai quelque secondes de plus avant de secouer la tête et de me reprendre. Peut-être qu'en me faisant quelques kamas, je pourrais m'offrir un peu plus de classe. Peut-être suffisamment pour ne pas passer complètement inaperçu. Je lâchai un grognement déterminé avant de me rendre sur le marché, que je pris soin de pénétrer par l'entrée la plus discrète. Il n'y avait que deux gardes, aujourd'hui. Un détachement avait été envoyé sur la frontière avec Amakna parce qu'un hors-la-loi y avait été repéré. Ça n'inquiétait pas les gens : il y avait rarement des crimes à Astrub.

    Incognito, je me glissai dans la foule, laissant mes mains se balader par-ci par là.

    Après la traversée du marché, ce qui me prit une dizaine de minutes, j'avais assemblé un petit pactole. J'attendrais de retourner à l'atelier avant de compter. D'abord...
    - Trouss Fondpoche, mais qu'est-ce que vous faites ici ? Je vous avais demandé de surveiller ma cargaison spéciale à l'atelier. Filez !
    - Oui m'sieur... lâchai-je, tout à coup conscient de mon erreur.

    J'avais complètement oublié qu'il m'avait confié la surveillance de ses fourrures de Givrefoux. Elles étaient rares et valaient une fortune... chacune d'entre elles sans doute dix fois plus que ce que je venais de voler aux badauds du marché.

    Je détalai à grand pas.

    Je filai entre les personnes qui faisaient leurs courses, sautai par dessus des caisses et des paniers, esquivai des fous qui changeaient subitement de direction, dérapai au coin de la rue et repris ma course effrénée vers l'atelier.

    Puis soudain, au coin de l'atelier, quelqu'un apparut. Je n'eus pas le temps de m'arrêter, bien que je freinasse des quatre fers. Le choc fut mi-doux, mi-violent. Pendant le vol plané, je reconnus la Cra que j'avais observé ce matin et je fis un demi-tour de bassin pour qu'elle retombe sur moi plutôt que l'inverse. Nous mangeâmes la poussière.

    En un instant, elle fut debout, fronça les sourcils quelques secondes, puis me tendit la main. Alors que je l'attrapais pour me relever, je balbutiai un merci. Son clin d’œil ravageur ma paralysa au moins dix secondes. Cinq fois plus de temps que nécessaire pour qu'elle quitte mon champ de vision et disparaisse dans la ville...

    Le cœur battant la chamade, j'entrai dans l'atelier. Les peaux étaient encore là. Toute cette urgence pour rien...

    Non. Pas pour rien...

    PS : une correction des fautes par message privé me ferait très plaisir
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    Mal-Jabar|2016-09-08 20:13:10
    Vous vous demandez quel bruit fait un favori de Shariva lorsqu'il couine de douleur et vous vous sentez soudainement pris d'une envie étrange de capturer un Mal-Jabar.

    Cher ami,

    Voilà bien des semaines que vous n’avez pas eu de mes nouvelles et cela est tout à fait normal. Le travail que je me suis confié à la suite de notre dernier entretien m’a causé bien des mésaventures.
    Nous avions conversé au sujet des Favoris de Shariva et, souvenez-vous, vous m’aviez fait part de votre curiosité quant au bruit que ces derniers pouvaient faire s’ils souffraient d’une quelconque manière. Vos pensées me sont restées en tête alors que je rentrais chez moi et une idée pour le moins incongrue me vint en tête : je devais en attraper un et procéder à diverses expérimentations dessus.

    Le lendemain, je me rendis au Manoir Lhambadda afin d’observer les lieux, d’élaborer un plan et surtout afin de choisir une victime. Je n’en vis que trois faire quelques allées et venues. Le Favori qui m’interpella le plus fut celui portant une toge de couleur rose. Me renseignant sur lui, j’appris qu’il se nommait Mal-Jabar. Entre sa couleur et son nom, nul ne faisait doute : il s’agissait de la proie idéale.

    J’entrai dans le manoir équipée d’un filet fauchoir et je montai à la bibliothèque. Je me tins près des escaliers menant au vestibule prête à le capturer d’un coup de filet. Tout était silencieux jusqu’à ce que j’entende le claquement d’une porte. Alors que je voyais un bout de toge rose apparaître je me préparai à l’attraper. Malheureusement, mes pieds s’empêtrèrent dans le filet et je tombai en avant dans un bruit sourd. J’avais à peine eu le temps de me relever qu’il s’était éclipsé. Un petit rire venu de nulle part me fit me relever et je ne tardai pas à retourner chez moi.

    Suite à ce premier échec, je m’essayai à une autre approche. Dans le petit temple sous le Manoir se trouvait une statuette à l’effigie de la déesse du Tumulte Shariva. Ayant quelques amis Roublards, je m’étais renseignée sur la manière de produire une explosion assez forte pour dérouter une personne sans causer de dégâts à la bâtisse. Je me disais qu’en l’étourdissant, il ne me resterait plus qu’à le ligoter et l’emmener chez moi. J’avais donc piégé la statuette et j’attendais, cachée derrière une caisse d’oranges, que le Favori vienne faire ses dévotions journalières. Le plancher craqua violemment et je me retranchai dans ma cachette, observant la scène les yeux grands ouverts. Un Favori se dirigeait vers le petit sanctuaire mais ce n’était pas le bon ; celui-là portait une toge violette. La panique montait en moi doucement, il n’était pas censé se trouver là. A coup sûr, il déclencherait l’explosion et cela alerterait l’autre Favori. Je priais intérieurement qu’il ne se passe rien et mes vœux furent exaucés. Je regardai le Favori à la toge violette ressortir sans un bruit et l’air toujours plein de mystères.

    Une heure passa et alors qu’une douleur dorsale se faisait sentir, une porte claqua à l’étage. Le Favori rose fit son apparition et entra dans le sanctuaire. M’apprêtant à intervenir, quelle ne fut pas ma surprise de le voir ressortir sans aucune égratignure. Il s’en alla et je sortis de ma cachette afin de vérifier mon dispositif. Tout était en place. Alors que je me retournai un petit clic se fit entendre et une explosion m’emporta dans un sommeil profond. Je me réveillai plus tard à l’extérieur du Manoir Lhambadda. Et j’eus l’impression qu’un regard se posait sur moi.

    Ma dernière tentative fut plus ingénieuse. Je m’étais rendue chez un tailleur afin de commander une toge de la plus belle des matières. J’étais persuadée que le Favori se laisserait séduire par la couleur pure et le tissu de qualité. J’avais passé la nuit à enduire la cape de poudre avec effet soporifique et je me rendis au Manoir au petit matin pour poser la cape bien en évidence dans la bibliothèque. En passant près d’une table, je vis un petit livre rose isolé sur une table et je m’en saisissais. Je me plongeais dans la lecture oubliant la toge posée non loin de moi. Je commençai par bailler et finissais par atterrir dans le monde des rêves. Tour à tour mes aventures me revenaient en tête, je me sentais prise dans les mondes tumultueux de mon inconscient, des rires du plus innocent au plus diabolique résonnaient. Je me réveillais en sursaut. Je sentais une présence, un regard sur moi et alors que je levais les yeux, je le vis. Le Favori rose. D’un bond, il fut auprès de moi et me demanda ce que je cherchai en vain depuis quelques jours. Je n’avais d’autre choix que de tout lui avouer et je m’exécutais. Je ne voyais que ses yeux jaunes me fixant pendant mes explications et je pense l’avoir vu sourire. Il répondit à mon interrogation et imita le bruit qu’il faisait lorsqu’il couinait de douleur.

    Malheureusement, mon ami, je ne suis pas en mesure de vous le dire. Je l’ai vu disparaître dans un nuage de fumée et je me suis rendormie, plongée dans un monde enchanteur. A mon réveil, je me souvenais de tout sauf de ses dernières paroles.
    Je pense que ces êtres sont trop mystérieux et étranges pour qu’il soit envisageable d’en capturer un. Et au vu de ce qu’il m’est arrivé en essayant d’en attraper un, sache que je ne suis pas prête de recommencer.

    J’attends votre réponse avec une vive impatience,
    Votre amie de toujours,

    Amadéa
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    Mal-Jabar|2016-05-04 10:35:49
    Apprenti chez un tailleur d’Astrub, on vous a volé les précieuses fourrures de givrefoux dont la garde vous imputait. Votre maitre revient très bientôt.

    Il ne me restait que quelques jours de travail avant que cette pièce de luxe ne soit terminée. Je tâtais la texture pelucheuse de fourrures couleur ivoire d’une qualité époustouflante. Elles provenaient d’un Givrefoux albinos qu’une disciple d’Ecaflip avait dépecé lors de l’une de ses expéditions au fin fond des grottes gelées de Frigost. Emerveillée par la beauté, mais plus probablement par la rareté de la bête, la féline souhaitait faire tailler un manteau à partir de sa fourrure. Elle demeurait à Sufokia, mais elle profita d’un passage à Astrub pour passer cette commande, les tailleurs étant de piètre qualité dans la Cité de la Mer. C’est donc à mon maître Knobelspiess qu’elle fit appel pour confectionner ce vêtement. Ce bourgeois s’était installé à Astrub il y a quelques années de cela, car il pressentait que la cité des mercenaires était plus propice que les autres grandes cités au métier de tailleur. Il pensait que tant les aventuriers débutants que les guerriers les plus expérimentés d’ici finiraient, de part leur nature belliqueuse, par abîmer d’une manière ou d’une autre leurs vêtements, et qu’il serait alors très facile de faire des affaires avec eux. Il avait visiblement raison, car l’atelier était à l’heure actuelle bondé de clients qui désiraient des textiles plus farfelus les uns que les autres. Je posais alors les fourrures sur une commode au fond de la pièce pour aller m’occuper de la clientèle qui me sollicitait pour passer des commandes et pour obtenir mes conseils.

    Souhaitant anticiper la pénurie de matières premières, le maître alla chercher son sac au fond de la pièce puis s’en alla en direction des hôtels de vente acheter tissus, fils, cuirs et autres matériaux divers et variés, me laissant la garde de l’atelier et la gestion des clients. C’est avec dévotion et passion que je m’appliquais à la tâche. J’expliquais à ce grand Iop que le tissu était préférable au cuir au niveau des coudes, afin de permettre une plus grande liberté de mouvement au détriment d’une protection plus légère. C’était difficile, mais il eût finalement compris lorsque je lui montrais que des coudes plus libres permettaient de donner des coups d’épées plus rapides et précis. Je prenais les mesures de cette disciple de Sadida, en prenant quelques marges pour les champignons qui poussaient sur les zones humides de son corps. Je négociais avec brio le prix de la main d’oeuvre pour coudre un sac à dos de mineur. Le vieillard demandait avec insistance la raison pour laquelle les prix de notre atelier étaient élevés, et je lui répondait que nos produits étaient de haute qualité, en omettant toutefois de divulguer nos méthodes de fabrication, car le pingre avait visiblement l’intention de fabriquer le sac chez lui pour diminuer ses coûts. Je commençais enfin à souffler en voyant le dernier client sortir de l’atelier. J’inscrivais alors les commandes écrites sur mon carnet de notes dans le registre, puis retournais au fond de la salle pour admirer les fourrures de Givrefoux. A ma grande stupéfaction, elles avaient disparu.

    Où étaient-elles donc passées ? Peut-être étaient-elles tombées derrière la commode ? L’angoisse me prit par la gorge lorsque l’idée qu’elles se soient abîmées me passa par la tête. Je penchais ma tête par dessus la commode. Il n’y avait aucune trace des fourrures ivoires. L’étourderie me les aura peut-être fait poser ailleurs ? Je fouillais alors l’intégralité de l’atelier, une fois, deux fois, retournant commodes, armoires, machines à coudres, chaises, tables, et même tapis; en vain. Mon maître allait bientôt revenir de ses courses. Sous la pression du temps et sous l’anxiété montante, mon cerveau se mis à générer des scénarii par milliers. Peu à peu, les idées se confondirent tant j’étais préoccupé par plusieurs choses à la fois. Où étaient les fourrures ? Que m’arriverait-il si je ne les retrouve pas ? Quelle excuse pourrais-je trouver en cas d’échec ? Toutes ces questions finirent par m’embrouiller l’esprit, aussi décidai-je de m’asseoir en buvant un verre d’eau et de réfléchir à tête reposée. Les fourrures, c’est quelque chose de mort. Ce ne sont pas des choses qui bougent d’elles-mêmes. Quelque chose a dû les déplacer. Ou quelqu’un. C’est à ce moment là que mon esprit à fait un quart de tour. J’avais un semblant d’espoir qui m’apparaissait enfin. L’un des clients me les avait probablement prises. Ce n’était probablement pas la disciple de Sadida. Après tout, elle n’était jamais allée au fond de la salle. Peut-être était-ce le Iop ? C’était possible. Il a peut-être imaginé une cape “style Iop” confectionné sur la base de ces fourrures, et les a embarqué car il n’avait pas vu de prix dessus. Ou alors était-ce l’Enutrof ? Ces vieillards sont avides, et celui-là avait l’air très, si ce n’est trop, intéressé par les matériaux. Quoiqu’il en soit, je n’avais pas beaucoup de temps pour résoudre ce mystère, mais j’avais la chance d’avoir marqué les adresses des clients sur mon carnet de notes. Je me bénis sur l’instant pour avoir bien fait mon travail. J’accourais à la porte d’entrée pour fermer la boutique à clef et rendre visite aux deux hommes, mais c’est au maître Knobelspiess que j’ai du avoir à faire en premier. Celui-ci venait tout juste de rentrer, et par malheur, il était accompagné de la disciple d’Ecaflip qui était propriétaire des fameuses fourrures.

    Après de brèves salutations, le maître m’expliqua qu’il avait croisé par hasard la disciple d’Ecaflip au marché, et qu’elle voulait profiter de cette rencontre pour voir l’état d’avancement de son manteau. J’étais dans une impasse. Il était évident que l’on allait me demander les fourrures. Dans l’espoir de gagner suffisamment de temps pour chercher une excuse, je sortais de la commode le manteau, afin de le présenter à la disciple d’Ecaflip. Je lui expliquais avec autant de détails que possible la manière dont il a été réalisé et conçu, allant du choix des matériaux jusqu’à la couture de celui-ci. Mais mon maître me mis au pied du mur lorsqu’il me demanda de présenter le résultat une fois que les fourrures seraient cousues sur le manteau. Je me mis à bégayer, à marmonner. Incapable de trouver une excuse dans un temps aussi court, je me confrontais à deux choix : Mentir ou avouer. Tenté par le mensonge, je me persuadais rapidement que je serais rapidement mis à découvert et sans possibilité d’indulgence de la part de maître Knobelspiess s’il y avait la moindre incohérence dans mon discours..Je décidais donc de dévoiler la vérité en espérant leur clémence, leur annonçant que j’avais perdu les fourrures dont on m’avait imputé la garde. La disciple d’Ecaflip semblait fort contrariée à l’annonce de cette nouvelle, ce que le maître me fit amèrement remarquer. J’annonçais cependant que je soupçonnais l’un des clients de les avoir dérobées, et je lui montrais les adresses de mon carnet de notes afin de lui expliquer que j’allais corriger mon erreur en retrouvant les fourrures chez l’un d’entre eux. Le maître me menaça de devoir rembourser les fourrures si je ne les trouvais pas, ou de finir en prison si j’étais incapable de rendre la somme à la disciple d’Ecaflip, ce qui était bien évidemment le cas puisqu’elle annonça le prix des fourrures à cinq millions de kamas. Je me dépêchais alors de sortir de la boutique en direction de la demeure du Iop, sous le regard furieux de mon maître, et sous le regard perçant de la féline.

    Les fourrures n’étaient malheureusement pas dans la demeure du Iop, et celui-ci après discussion ne semblait vraisemblablement pas intéressé par elles. L’Enutrof quant à lui, me laissa investiguer dans sa maison en échange d’une liste d’instructions pour coudre un sac, que j’ai été obligé de lui fournir à contrecoeur. Malheureusement, lui non plus ne les avait pas en sa possession, et n’aurait visiblement jamais volé qui que ce soit, car il savait que le prix de l’amende pour un vol lui causerait une crise cardiaque. Je tentai ultimement ma chance vers la disciple de Sadida, mais comme je m’y attendais, elle ne les avait pas non plus. Je me posais alors dans un parc au milieu de la cité, m’abandonnant au sort qu’il allait m’arriver. Je pensais à l’avenir que j’aurais pu avoir si j’avais été plus attentif. J’étais arrivé à un point où je ne cherchais même plus à savoir où étaient passées ces satanées fourrures. Après tout, il m’aurait été impossible de temporiser l’irritation de la cliente, qu’elle avait à juste titre. Je me disais que j’aurais peut-être ma chance de devenir maître tailleur après ma sortie de prison, et que ce ne serait qu’un mauvais moment à passer. Je retournais alors à l’atelier, le moral anéanti. Expliquant mon échec, ce sont les hurlements de colère de mon maître qui guidèrent mes pas jusqu’à la prison d’Astrub, où l’on m’enferma pour délit financier. J’étais alors derrière les barreaux, observé d’un regard méprisant par mon maître et par la féline. Enfin, étaient-ils vraiment méprisants ? Je me disais que peu importait, puisque j’aurais eu trois ans pour y réfléchir.

    Trois jours plus tard, le geôlier ouvre la grille et me demande de sortir de ma cellule. Épuisé, je ne comprends pas. Je vois soudainement mon maître, les menottes aux poignets, entrer dans ma cellule, poussant moults jurons. Le geôlier m’indique clairement que je suis libre, et que je devrais remercier la disciple d’Ecaflip qui attend en haut des escaliers pour sa libération. Je sors de prison et voit la féline adossée contre un panneau, me faisant un signe. Je la remercie, mais elle me coupe la parole, me remerciant à son tour. Elle m’explique que c’est parce que j’ai été emprisonné que mon maître Knobelspiess a baissé sa garde et est parti, pensant être tranquille, chercher les fourrures qu’il avait fait sortir de l’atelier en les cachant dans son sac afin de les revendre. Apprendre que mon maître était le voleur et qu’il m’avait utilisé comme boufton émissaire m’avait abasourdi. Mais au-delà de ça, j’étais attiré par la curiosité. Comment la disciple d’Ecaflip avait-elle su que mon maître était coupable ? Lorsque je lui posais la question, elle me répondit :

    “Si je suis capable de trouver une fois de la fourrure de Givrefoux albinos, je peux le faire une seconde fois. Tout est dans la truffe.”

    Evidemment, en tant que disciple d’Ecaflip, elle le savait depuis le début à l'odeur. J’en déduisait qu’elle souhaitait juste prendre mon maître en flagrant délit pour le livrer à la justice. Les larmes coulant le long de mes joues, je la remerciais chaleureusement. Bien que j’avais perdu mon maître, j’avais acquis durant cette expérience la notion de méfiance. Et cela était, en plus de ma libération, l’enseignement final que maître Knobelspiess m’apporta.

    “Dorénavant, tu es le maître. Enfin, presque. Tu sais ce qu’il te reste à faire.”

    Quelques jours plus tard, le plus beau manteau blanc en fourrure de Givrefoux aura été cousu.
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    13 raisons de côtoyer le familier d'un Favori. La sixième va vous étonner !


    1 – Vous êtes lassés de l'omni-présence des chichiens, chachas, bouloutes et autres animaux très classiques ? Grâce au pouvoir de Shariva et des favoris, c'est tout le bestiaire du Monde des Douze qui se trouve à votre portée. Vous qui caressiez le doux rêve de chevaucher un trooll domestique, de jouer à la baballe avec un bwork dressé spécialement, ou même posséder un familier d'apparence douzienne, révélant vos passions insoupçonnées, votre désir deviendra réalité une fois le familier tumultueux rencontré !

    2 – Vous avez perdu de vue un être cher ? Peut-être est-il victime d'une malédiction lancée par les maléfiques et sadiques porteurs de toge. D'après plusieurs témoignages, il n'est pas rare que les aventuriers imprudents se retrouvent changés en animaux de compagnie par les bons soins des adeptes du Grand Chambardement. Peut-être que derrière ce crocodaille aux yeux inquiétants se cache votre ami d'enfance, disparu après une balade dans les marécages ou votre grand-tante Hortense, volatilisée après vous avoir laissé une part de son gâteau à la bave de larve bleue… A moins qu'il ne s'agisse de votre belle-mère que vous aviez offert en offrande à Shariva et qui souhaite vous rendre la monnaie de votre pièce !

    3 – Grâce à la magie de la déesse du Tumulte, les familiers sont garantis 100 % hypo-allergéniques ! Vous avez fini d'éternuer ou de vous gratter à cause des poils de votre bestiole. En revanche, ces familiers possèdent toujours des griffes acérées dont ils feront usage en de nombreuses circonstances. Mobilier précieux déconseillé.

    4 – Vous qui peinez à vous faire des amis en ce monde, les familiers peuvent le devenir sans condition. Ou presque. Nous vous conseillons de toujours lire les petits caractères de n'importe quel contrat que l'on vous proposera, surtout lorsqu'il provient d'un envoyé de Shariva.

    5 – Vous qui sentez vos chevilles gonfler, l'intelligence et la grâce du familier du favori vous feront redescendre sur Terra Amakna. Vous n'êtes qu'un misérable vermisseau qui méritez à peine la vie, et le familier comme son maître sauront vous le rappeler à tout instant. Mais c'est pour votre bien.

    6 – On raconte que les familiers des favoris connaissent le secret des Sharivatons. Il est enfoui au plus profond de leurs mémoires, et lorsque ce souvenir semble ressurgir, un favori le fait disparaître aussitôt dans les méandres de l'oubli.

    7 – Le familier pourra peut-être vous pistonner auprès des autres favoris. Il est toujours intéressant d'être dans leurs petits papiers, mais soyez tout de même prudents pour votre vie. Les Favoris ne sont pas connus pour être de fervents défenseurs des droits des animaux de compagnie.

    8 – Je donne 10 % de vos kamas, lancez échange

    9 – Le familier est capable de vous révéler des dossiers insoupçonnés sur les favoris, des informations que vous pourriez utiliser à votre avantage, si le courage ou la folie vous prenait. Quels sont les jouets favoris de Mal Jabar lorsqu'il prend son bain ? Qu'est-ce qui se cache derrière les poils verts de Malvadar Jandric ? Quel personnage tapisse les murs de la chambre de Mage Jaurdom ? Les familiers se trouvent au milieu des secrets mais aussi de tous les petits conflits qui animent la vie des Favoris. Certains sont simplement mieux lotis que d'autres.

    10 – Certains familiers portent une toge à capuche grise. D'après nos spécialistes, cet accessoire devrait revenir à la mode pour l'été 666. Vous avez là l'occasion de vous procurer une pièce rare, ne la laissez pas passer !

    11 – En côtoyant un familier d'un favori, vous donnez un sens à ce récit qui visiblement n'en a aucun. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup.

    12 – Pour un familier acheté, bénéficiez d'une réduction exceptionnelle sur votre prochain aller-retour pour le volcan de Brâkmar. Stage de plongée dans la lave offert.

    13 – Auriez-vous oublié un détail ? Je vous conseille de vous référer de nouveau au numéro 2 de ce guide. Les favoris ont le pouvoir de faire de n'importe quel aventurier leur familier, qu'en est-il de vous ? Vous sentez-vous libre de vos mouvements, totalement indépendants ? Non, cher lecteur, chère lectrice, tout ceci n'est qu'illusion ! Nous sommes tous les familiers de ces porteurs de capuche, mais notre union fera notre force. Ensemble, libérons-nous de nos chaînes et faisons face à l'oppresseur. Nous ne serons plus les familiers de quiconque et pourrons enfin voler de nos propres ailes. Suivez-moi, et… La suite est illisible, cachée par une épaisse tâche d'encre rouge sombre… mais en est-ce vraiment ?
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    • Votre famille a été laminée par une horde de Bworks sans vergogne. Vous êtes le seul rescapé de la maison et ce n'est pas faute d'avoir subi les pires atrocités. Vous décidez de partir à la recherche des origines de cette violence.


    Midi sonne à l’horloge de la maison.

    « Dong ! »

    La maison est incroyablement silencieuse. Vous vous tenez debout, déboussolé, au milieu d’une mare de sang malodorante : celle du bwork qui a débarqué dans votre salle de bain, un couteau logé dans le cou. Votre corps est endolori, meurtri par de multiples blessures.

    « Dong ! »

    Vous êtes encore sous le choc. Alors que vous preniez votre bain, taillant votre barbe à l’aide de votre couteau, un énorme fracas s’est fait entendre à l’étage inférieur. Hurlements et bruits d’objets brisés ont semé la panique dans votre cœur.

    « Dong ! »

    Sortant de votre bain en toute hâte, vous n’aviez pas eu le temps de vous rendre jusqu’à votre équipement quand un Bwork tout en armure avait défoncé la porte de la salle de bain, son hurlement de guerre ajoutant une note supplémentaire à cette macabre symphonie.

    « Dong ! »

    Violemment frappé en plein visage par le Bwork, vous vous retrouviez jeté sur le sol, trempé, nu et sonné, vous saviez que vous n’en aviez plus longtemps à vivre. Le monstre verdâtre s’était placé sur vous, son armure rustre, rouillée et épineuse vous écorchait la peau.

    « Dong ! »

    Vous abandonniez tout espoir de vous en sortir. L’épée du Bwork se levait au-dessus de vous. Les dernières choses que vous auriez entendues auraient été les cris terrorisés de vos parents, grands-parents et vos deux frères.

    « Dong ! »

    Vous aperceviez alors le couteau avec lequel vous étiez en train de vous raser. Trempé et court mais à portée de main. Vous saisissiez en panique votre instinct de survie que vous veniez loger dans le cou du Bwork que son armure ne protégeait pas.

    « Dong ! »

    Le Bwork vous tombait lourdement dessus, vous blessant davantage. Le souffle coupé et essayant maladroitement de dégager la créature, vous aviez mis bien trop de temps à vous libérer quand la corne de chasse de la troupe s’était faite entendre. C’est à bout de force, meurtri et apeuré que vous vous releviez.

    « Dong ! »

    Vous vous calmez un peu, laissant de côté les terribles événements qui viennent de se passer. Vous récupérez votre couteau et avancez, nu et ensanglanté, dans la maison dévastée. Il n’est plus rien qui ne soit brisé. Il n’est plus rien qui ne soit signé par la mort elle-même. Le cœur serré, vous descendez les marches vers la cuisine.

    « Dong ! »

    Une scène d’horreur se présente devant vos yeux. La cuisine est en ruine, un pan entier du mur s’est transformé en trou béant d’où a déferlé la horde de Bworks. Le sol est jonché de cadavres. Ceux des membres de votre famille. Les Bworks n’ont fait preuve d’aucune pitié. Vous tombez accroupi : votre estomac se révulse.

    « Dong ! »

    Tandis que vous levez votre regard plein de larmes sur cet acte de barbarie et devant le désespoir de votre vie, quelque chose vous interpelle. Malgré votre vision brouillée, vous remarquez que dans ce tableau de dévastation, une chose est restée à peu près intacte : le garde-manger a été délicatement ouvert et rien ne semble manquer à l’intérieur.

    « Dong ! »

    Rien ? Non. C’est une plaisanterie ? Vous vous levez avec peine et titubant parmi les corps et les objets brisés qui ne manquent pas d’écorcher vos pieds, vous approchez de la réserve. Une chose manque à l’intérieur : votre mousse au chocolat que votre maman vous préparait tous les satuerdor pour le repas du midi. Ils sont venus juste pour cela ?!

    « Dong ! »

    Fou de rage, hurlant tel l’animal blessé que vous êtes, vous vous lancez à la poursuite de la horde Bworks. Vous êtes, nu, perlant de sang, boitant, insultant la mort et courant de toute l’énergie qu’il vous reste. Vous rattraperez ces Bworks, vous vous vengerez et il est hors de question qu’ils souillent de leurs sales pattes le dernier repas de votre tendre mère.

    « Toc, toc ! »

    Vous finissez par gagner du terrain. Les nombreuses traces de pas provenant de lourdes bottes et la nature ravagée vous indiquent que vous n’êtes plus très loin. Ils répondront de leurs actes. Quand vous aurez compris le pourquoi de cette folie, vous les massacrerez tous ou mourrez en essayant.

    « Toc, toc, toc ! »

    Les voilà. Ils sont tous là, en cercle autour de ce qui semble être le chef. Lorsqu’il vous voit, celui-ci lève la tête avec l’air d’un enfant pris sur le fait d’une grosse bêtise. Dans une de ses mains repose le saladier rempli de mousse et dans l’autre se tient une cuillère prête à l’emploi. Pas une, pas deux, vous vous ruez sur lui, profitant de la surprise générale pour franchir le cercle.

    « Toc, toc, toc ! Hey… »

    Telle une bête féroce, vous déchaînez votre colère sur le Bwork. Armé de seulement une cuillère, il ne peut rien faire et se retrouve vite occis par votre sanglant couteau. Alors entouré d’une horde de Bworks contre qui vous n’avez pas la moindre chance, vous décidez de tout abandonner et de passer vos derniers instants à profiter de cette mousse, ultime souvenir de votre famille. Vous prenez la cuillère, la plongez dans la mousse et la portez à votre bouche… Elle semble étrangement épaisse… avec un goût… de savon ?

    « Toc, toc, toc ! Non mais tu vas rester longtemps dans la salle de bain ?! Viens manger ou t’es privé de dessert ! »

    Vous ouvrez les yeux. Vous êtes en train de mâcher votre savon que vous recrachez dans l’instant. Vous êtes encore dans votre bain et votre mère vient frapper à la porte car le repas est servi, vous tirant de votre bien mauvais rêve. Votre famille vous attend et votre mousse au chocolat également.

    Midi a sonné à l’horloge de la maison.
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    "C'est la curiosité qui a tué le chat, mais c'est la satisfaction qui l'a fait revenir". C'est ce proverbe que vous avez en tête en feuilletant le carnet rose. Habituellement, c'est inapproprié, voire dangereux, de lire le carnet de quelqu'un d'autre. Cette personne pourrait vous surprendre et s'énerver. Mais vous savez que ce carnet rose est différent, qu'il est là pour vos yeux, et peut-être même pour votre plume. Vous continuez votre lecture.


    Voici de nouvelles amorces. Si l’une de ces idées vient vous inspirer à écrire, à imaginer, soyez LIBRES de développer ces scénarios comme il vous plaira.
    Transformez-les en histoires, courtes ou longues, tragiques ou joyeuses : laissez-vous porter par la spontanéité qui habite cet endroit, et écrivez simplement ce qui vous vient à l’esprit.

    Faite : Guidé par la peur, le chasseur entra dans la grotte. Guidé par la bravoure, il décida d'en sortir.
    À faire : Vous vous endormez dans une barque et vous vous réveillez le lendemain matin au milieu de l’île des Wabbits. Vous tentez tant bien que mal de vous initier au folklore local.
    Faite : Vous arrivez au Bibliotemple pour faire votre prière quotidienne. La porte est fermée, et Théodoran Ax est introuvable.
    FaiteEn mission à Srambad pour Bonta, vous tentez de vous infiltrer dans les hauts-lieux de la dimension du Dieu Sram. Vous voilà noble de la Cour Sombre et ce n’est, finalement, pas pour vous déplaire.
    À faire : Un soir de pleine lune, alors que vous étiez en vacances, vous voilà mordu par un Wabbit garou sur leur île. Lentement, des poils recouvrent votre corps et votre instinct nouvellement acquis vous guide parmi eux.
    Faite La vie de Pirate vous a toujours attiré. Après avoir rendu visite au Chouque et à Ben, vous décidez d'en faire votre nouvelle carrière.
    À faire : Apprenti alchimiste, votre maître vous a chargé de lui ramener un ingrédient manquant à la confection d’une de ses recettes : une étoile des neiges. Absente des places marchandes, vous partez en quête de cette timide habitante des terres gelées.
    Faite : Vous vous amusez à écrire sur certaines tombes du cimetière des héros. Le fantôme derrière vous vous fait remarquer que vous avez fait une faute d'orthographe, et que "franchement, sur ma tombe, vous auriez pu faire un effort quand même."
    Faite : S’endormir dans la bibliothèque du manoir Lhambadda n’était pas l’idée du siècle. Vraiment pas l’idée du siècle.
    À faire : Jeune Roublard farceur, vous aimez piéger vos amis avec des bombes artisanales.
    À faire : Cette nuit en allant aux toilettes, vous êtes tombé dans votre Havre-Sac que vous aviez laissé traîner. Impossible d'atteindre la sortie, et vous n'avez que sur vous vos sous-vêtements. Pas de Tofu pour envoyer de message, pas de kamas pour prendre le zaap, et bien sûr, pas une potion de rappel.
    Faite : C'est l'histoire d'un mansot, d'un glourson et d'un écumouth qui entrent dans une taverne...
    À faire : Un arbre, qui serait selon certains l'incarnation de Silvosse en terra Amakna, est abreuvé chaque jour par une personne différente du village. Hier, c'était votre tour et vous avez oublié. Ce matin, la moitié des plantations d'orge sont mortes. Vous vous rendez auprès de l'arbre en réfléchissant à un moyen de rattraper votre bêtise.
    Faite : Vous êtes une Arakne qui parle. Vous avez un an pour dominer le monde.
    Faite : Ca y est, c'est fait. Terminée, cette vie de labeur. Gagner des kamas ne sera plus plus jamais votre raison de vous lever le matin ! Vous avez tout donné, votre fortune jusqu'au dernier kamas, vos équipements, votre sac et même votre carte, à divers passants de Sufokia ! Vie sauvage, vous voilà !
    À faire : "Patience et compréhension, voilà ce qui changera ton duvet moisi en gigantesque Ougah." disait l'autre. Il ne croyait pas si bien dire.

    En temps et en heures, je viendrai écrire ici d’autres amorces. D’ici là, n’hésitez pas à laisser libre cours à votre imagination dans les nombreuses pages blanches qui suivent. L’imagination a toujours été une alliée de Shariva. Peut-être que celle-ci ne restera pas insensible à vos efforts.

    Je suis sûr que vous trouverez bien une plume et un peu d'encre pas loin.
    — Le rose
     
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